Un journal régional nous a appris dans son édition d'hier qu'une «opération de classification» des hôtels d'Oran est en cours de lancement. On ne sait pas encore comment cet organisme touristique compte distribuer ou retirer ses étoiles aux établissements hôteliers de la métropole de l'ouest du pays, mais on sait déjà qu'en dehors de deux ou trois palaces qui appartiennent à des chaînes internationales ou à des opérateurs particuliers qui ont fait l'effort d'être dans les normes ou de s'en rapprocher, le reste des hôtels est encore loin du minimum de qualité du produit et de ses services. A Oran, à Alger, ailleurs dans le reste du pays, nos hôtels sont plutôt repoussants. Qu'on ne s'y méprenne pas, dans ce secteur, peut-être plus que dans d'autres, la concurrence n'a pas encore fonctionné, et tant qu'elle ne détermine pas encore le choix du client, il en sera toujours ainsi. Qu'on ne s'y méprenne pas pour la seconde fois, c'est la quantité qui fera émerger la qualité, et en l'occurrence le nombre d'hôtels algériens est bien trop rachitique pour permettre la décantation ou une vraie classification qui fasse que le client en ait pour son argent, et que le propriétaire pratique les prix correspondant à la qualité de ses prestations. Les algériens descendent indifféremment dans le palace ou le gourbi. Comme si tout était question de disponibilité, des entreprises pas forcément prospères envoient leurs employés en déplacement professionnel dans les cinq étoiles parce qu'il n'y a pas d'hôtel de standing intermédiaire, et de riches hommes d'affaires sont parfois contraints aux toilettes collectives parce que les rares hôtels de qualité ont fait le plein sans raison particulière. Une étude touristique a révélé récemment qu'une seule grande ville d'un pays voisin renferme plus d'hôtels de haut standing que l'Algérie toute entière. Le ministère du tourisme menace de sévir contre les hôtels qui s'auto-octroient des étoiles et décident tout seuls de leur standing. C'est bien. Mais combien d'hôtels sont sur le point d'ouvrir au moment où on décidera d'en fermer certains ? Avec quelles mesures incitatives à l'investissement crédible dans le créneau compte-t-on accompagner la coercition envers les parasites de l'hôtellerie et les marchands de sommeil sans savoir-faire ni scrupules ? Peut-on encore s'accommoder d'hôtels gérés par l'Etat et en attendre de la performance ? Qu'on ne s'y méprenne pas, une dernière fois, les meilleurs sites hôteliers du pays sont encore aux mains de l'Etat. Et ce mode de gestion est, c'est le moins qu'on puisse dire, loin d'être un modèle. Il suffit de se pencher sur les résultats pour envisager autre chose. L'essentiel du problème est peut-être là. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir