Des querelles ont éclaté hier au deuxième jour du Congrès du Fatah, le parti du président palestinien Mahmoud Abbas, entre sa direction et des délégués réclamant des rapports sur la gestion du mouvement, ont indiqué des participants. Des centaines de délégués ont protesté contre l'absence de bilans administratif et financier sur la gestion du Fatah depuis son dernier Congrès en 1989. Ils ont rejeté les explications des instances dirigeantes du parti, le Comité central et le Conseil révolutionnaire, selon lesquels le discours prononcé mardi par M. Abbas à l'ouverture du Congrès à Bethléem en Cisjordanie faisait office de bilan de la gestion du Fatah lors des 20 dernières années. Les délégués mécontents ont interrompu une allocution du numéro deux du Comité central, Ahmad Ghneim (Abou Maher), qui, furieux, a quitté la tribune. Cet incident a nécessité la venue dans la salle de M. Abbas, qui n'assistait pas aux débats, pour tenter de les apaiser. «Je reconnais que nous avons commis des erreurs, même des péchés, mais rendre des comptes doit se faire lors des réunions de commissions et non pas à travers des interventions anarchiques», leur a-t-il dit. Mais M. Abbas a lui aussi été interrompu par des délégués. Le service de l'ordre est brièvement intervenu lorsqu'un délégué que M. Abbas a expulsé a refusé de quitter la salle. D'autres délégués sont intervenus pour calmer les esprits et l'homme a pu finalement rester dans la salle. «Nous sommes ici pour remettre le Fatah sur le droit chemin et non pas pour régler des comptes», a-t-il ajouté. Le Fatah, qui exerçait jusqu'alors un contrôle sans partage sur l'Autorité palestinienne, avait été battu en 2006 aux élections par le Hamas, avant d'être violemment délogé par le mouvement islamiste 18 mois plus tard par la force de la bande de Gaza. Affaibli par ces revers, miné par les luttes de clans et terni par des accusations de corruption, le Fatah a connu ces dernières années un déclin qui s'est accéléré depuis la mort de son fondateur et chef historique Yasser Arafat en 2004. Dans son discours mardi, M. Abbas a reconnu que le parti avait commis des «erreurs» s'étant soldées par sa déroute face aux islamistes du Hamas, et a exhorté ses délégués à «en tirer la leçon» pour se relancer. Lors du Congrès, les délégués du Fatah doivent adopter un nouveau programme politique et renouveler les instances dirigeantes du parti.