La réaction du Forum des chefs d'entreprises (FCE) au sujet des dispositions de la loi de finances complémentaire 2009 a été considérée comme légitime et appropriée par des spécialistes et chefs d'entreprises. Le FCE a évoqué, dans un communiqué de presse transmis à notre rédaction, «une situation grave» et estimé que l'absence de concertation, l'autoritarisme qui dicte les décisions économiques réduisent la crédibilité de ces mesures et risquent de conduire à la paralysie du pays». L'économiste Mustapha Mekidèche a considéré que la sortie du FCE est «réaliste», plaçant «l'intérêt de l'économie nationale avant toute considération». L'économiste rejoint l'analyse du FCE au sujet de la consécration du crédit documentaire comme seul mode de paiement des opérations d'importations. Cette disposition instituée par la loi de finances complémentaire pose problème aux chefs d'entreprises. Le FCE avait considéré que cette disposition profite au fournisseur et pénalise lourdement l'entreprise algérienne. Mustapha Mekidèche est du même avis.
Une position raisonnable «Cette procédure de paiement exige la mobilisation immédiate des ressources financières de l'entreprise créant des tensions sur son cash-flow. Or, beaucoup d'entreprises algériennes avaient réussi depuis quelques années à reconstruire avec leurs partenaires étrangers des relations de confiance qui se traduisent par le recours à la procédure de remise documentaire, leur permettant ainsi des facilités de trésorerie en ne mobilisant leurs liquidités qu'en fin de cycle d'importation», a tenu à signaler notre interlocuteur, jugeant que le point de vue du FCE sur cette question est raisonnable. Quant à la suppression de la procuration en matière de formalités du commerce extérieur, considérée par le FCE comme mesure «humiliante et méprisante à l'égard des chefs d'entreprises», M. Mekidèche l'a qualifiée de bloquante pour le développement de l'entreprise. «Cette obligation de présence personnelle du responsable statutaire pour toute domiciliation bancaire peut s'avérer paralysante pour l'entreprise. En fait, cette mesure a pour objectif – tout le monde l'aura compris – la réduction du nombre de porteurs de registres du commerce de complaisance. Par conséquent, la solution pourra et devra être vite trouvée, d'abord pour les dossiers déjà engagés, et ensuite pour les entreprises de statuts SPA et Sarl», nous indique-t-il, appuyant ainsi les réserves émises par le Forum des chefs d'entreprises au sujet des dispositions de la loi de finances complémentaire 2009. L'ex-membre du Conseil national économique et social nourrit l'espoir que les nouvelles mesures seront levées dans le cadre de la prochaine tripartite où seront opérés, selon lui, les ajustements nécessaires pour consolider, avec les organisations patronales, un consensus social mis à mal par ces mesures. Les entreprises pénalisées De son côté, le DG de NCA Rouiba et ex-candidat à la présidence du FCE, Slim Othmani, a partagé l'avis du Forum sur les dispositions de la loi de finances. «En exigeant le paiement des importations par le recours au crédit documentaire, le gouvernement met les entreprises dans une situation difficile. Cela pénalise les sociétés en matière de trésorerie et de structure de coûts. Si les importations sont importantes, cela affecte les prix de revient des produits», a fait remarquer le DG de NCA.S'agissant du communiqué du FCE, Slim Othmani a estimé qu'il est «structuré et approprié, alertant les pouvoirs publics sur la gravité de telles mesures». Le Forum des chefs d'entreprises a déploré l'absence de débat de fond portant sur les choix fondamentaux qui doivent déterminer la politique économique du pays. Sur ce point, l'économiste Mekidèche a tenu à souligner que l'objectif de la loi de finances est bel et bien la réduction des importations de marchandises et de services pour le 2e semestre.