Le Forum des chefs d'entreprises a introduit une demande d'audience auprès du premier ministre Ahmed Ouyahia et une autre auprès du ministre des Finances, Karim Djoudi, afin de porter les inquiétudes et les préoccupations des chefs d'entreprises à la suite de l'adoption de la nouvelle loi de finances complémentaire. C'est ce qu'a révélé hier le président du Forum des chefs d'entreprises, Réda Hamiani, invité du forum des quotidiens Le Temps d'Algérie et Wakt El Djazaïr. «Nous attendons la réaction des autorités publiques. Nous avons demandé à être reçus par le premier ministre et par le ministre des Finances. Nous attendions pour voir comment les choses allaient s'organiser», a tenu à faire savoir le président du FCE, persuadé que cette demande est justifiée par les effets négatifs de certaines dispositions de l'ordonnance portant loi de finances complémentaire. «Notre souhait est de mettre en avant nos observations et nos remarques auprès du gouvernement. La loi de finances a été adoptée. Ce que nous aimerions voir avec les autorités, c'est comment alléger les dispositions prises. Nous n'arrivons pas encore à comprendre pourquoi l'Etat a supprimé la procuration pour les opérations de domiciliation bancaire des importations et exige la présence physique du détenteur du registre du commerce ou du gérant de la société. Dans ce cas-là, le responsable de la société devra être constamment en déplacement dans les sites portuaires du pays», explique-t-il, avant d'ajouter en ces termes : «Les responsables qui ont pris ces décisions pour sauver le pays devront nous expliquer les raisons qui ont conduit à ces dispositions. Personnellement, je n'ai pas compris en quoi cette mesure va aider l'économie. Aussi, pourquoi l'Etat a-t-il supprimé le transfert libre et maintient comme mode de paiement le crédit documentaire. Nous voudrions savoir ce qui est visé et attendu par ces mesures. Nous ne demandons qu'à être convaincus, car recevoir de telles mesures en cette période d'été reste pour nous incompréhensible. Nous ne voulons pas jouer les antipatriotes. Nous sommes là pour le développement de notre pays et nous avons bien compris que les importations étaient devenues extrêmement lourdes à supporter pour notre balance des paiements. Seulement, nous aurions souhaité plus d'explications.» Le Forum des chefs d'entreprises a considéré dans un communiqué transmis à notre rédaction samedi que la «situation est grave», à la suite des dispositions prises par les pouvoirs publics dans le cadre de la loi de finances complémentaire, notamment les articles portant sur les conditions d'importations soumises à de nouvelles exigences. Le coup est parti ! Le forum a déploré le manque de concertation et de dialogue autour de ces questions considérées comme stratégiques. «Pour l'instant, le coup est parti. Nous aurions aimé nous retrouver autour d'une table avec nos responsables pour leur expliquer ; peut-être qu'ils ne savent pas comment sont ressenties dans le concret nos préoccupations. Nos responsables devraient expliquer, de leur côté, les contraintes qu'ils rencontrent. En l'absence de cette concertation, l'élément confiance peut se perdre, alors que c'est très important que l'entente soit permanente entre les décideurs et les chefs d'entreprises. Et s'il n'y a pas un minimum de concertation, cela peut être dommageable : celui qui achète s'arrête et celui qui investit se retient. Cette défiance est la pire chose qui puisse arriver dans un monde économique normal», a relevé encore le président du FCE. Le Forum des chefs d'entreprises se donne un délai d'un mois pour voir comment réagir. «Nous donnons un délai d'un mois pour informer nos membres. Si nous obtenons des rendez-vous qui seront suivis d'amendements et d'explications, nous informerons nos adhérents. C'est à eux de décider dans un débat ouvert, franc et direct. Et si nous n'obtenons pas quelque chose, nous procéderont de la même façon à un débat, et c'est aux membres de décider de la voie à suivre», a affirmé M. Hamiani, tout en confiant : «Je ne vous cache pas que certains membres considèrent que l'existence du FCE est à mettre sur le tapis. Pour eux, si le forum n'est pas consulté et associé, son existence n'a pas lieu d'être. D'autres considèrent qu'il n'est pas utile de continuer à prôner le dialogue et la concertation du moment que dans des situations de tension extrême, le FCE ne joue pas son rôle. La dissolution de l'organisation est une option qui n'est pas à exclure. En tout cas, cette décision relève de l'assemblée générale extraordinaire.» Le forum est cependant contre un front uni pour faire pression sur le gouvernement. «Il y a une solidarité de fait avec les organisations patronales au sujet de ces dispositions de la loi de finances. Mais le FCE ne veut pas exercer de pressions sur les autorités. Notre objectif est la concertation et le dialogue», a clarifié son propos le président du Forum des chefs d'entreprises.