Données comme perdantes après la suspension du crédit à la consommation, les deux entreprises publiques les plus connues des consommateurs algériens disent ne pas être affectées par les dispositions de la loi de finances complémentaire. Explications… La direction commerciale de l'Eniem de Tizi Ouzou nous a indiqué que la vente par facilités de paiement est une activité marginale de l'entreprise. Le volume des ventes enregistrées au niveau des magasins pratiquant cette formule est, dit-on, trop modeste pour influer sur le chiffre d'affaires global de l'entreprise. L'annulation de la convention liant l'entreprise à Cetelem n'a donc pas eu de conséquences notables sur l'activité des magasins de détail qui pratiquaient la vente par facilités de paiement. L'Eniem, explique-t-on, réalise le plus gros de ses ventes au détail à travers son réseau national de distributeurs agréés, présents pratiquement sur tout le territoire national et soutenus par un service après-vente des plus performants. Une clientèle fidèle En outre, l'Eniem écoule la quasi-totalité de ses produits dans le cadre des achats groupés effectués par les œuvres sociales et les commandes spécifiques aux besoins de nombreuses institutions et entreprises publiques. L'entreprise qui produit et commercialise une gamme variée de réfrigérateurs, congélateurs, climatiseurs, cuisinières et produits sanitaires, outre des lampes fabriquées par la filiale Filamp, réalise également de bonnes opérations commerciales dans le cadre des appels d'offres où il lui arrive souvent de rafler de gros marchés. Trois facteurs essentiels ont permis à l'Eniem de se maintenir jusque-là sur le marché, voire à consolider ses parts dans un environnement très concurrentiel. Prix et qualité, deux arguments de taille En plus d'une solide réputation de sérieux acquise auprès des consommateurs algériens, l'Eniem, certifiée déjà ISO 9002 en 1998, offre une gamme variée de produits de qualité supérieure et d'une fiabilité reconnue par tous les utilisateurs. Malgré la présence en Algérie de dizaines de marques étrangères de renom, l'entreprise a pu garder ses parts de marché grâce à sa politique des prix et son réseau après-vente ; des arguments de vente que lui envient d'ailleurs les autres producteurs nationaux qui peinent à s'imposer en dehors des grosses agglomérations du nord. Du côté de l'Enie, l'entreprise publique spécialisée dans la fabrication de produits électroniques grand public, le retrait de Cetelem n'a été d'aucune influence sur le volume des ventes réalisées par ses magasins de vente au détail. Certes, reconnaît-on au niveau du point de vente de la rue Hassiba Ben Bouali d'Alger, lors de l'institution de la formule en 2006, il a été constaté un rush sur les produits après la mise en place du crédit Cetelem. Mais à cause des conditions draconiennes imposées par l'établissement financier français, de moins en moins de clients optent pour les facilités de paiement, explique le directeur du magasin. M. Moula précise que la formule a commencé à battre de l'aile depuis que Cetelem a subi les conséquences de la crise financière internationale. Depuis l'année dernière, la banque a commencé à rejeter les demandes de crédit, bien que ces dernières aient été au préalable acceptées après simulation sur un logiciel propre à Cetelem. Des magasins en rupture de stock Pour les vendeurs, le crédit à la consommation rebutait bien des acheteurs à cause du taux d'intérêt plus qu'excessif imposé par la banque, soit 19,5% sur une période de 12 mois. Autre grief, les frais de dossier exigés du client à l'acceptation de son dossier. Ces frais s'élèvent à 2000 DA pour l'achat d'un téléviseur coûtant 12 000 DA et peuvent atteindre les 4000 DA quand il s'agit d'un LCD ou plasma à écran géant. Plus que l'argent, c'est surtout le questionnaire que le client refuse de remplir pour les impertinences qu'il comporte. En effet, le logiciel de simulation exige un certain nombre de renseignements très gênants, tels les nom, prénom et date de naissance de l'épouse, sa fonction, etc. «La banque impose aux consommateurs algériens un questionnaire qui ne tient pas compte de leurs spécificités», nous dit-on. Selon nos interlocuteurs de l'Enie, la vente au détail de téléviseurs dans les magasins de l'entreprise a évolué de manière positive ces derniers mois, notamment depuis la mise sur le marché des écrans à cristaux liquides. Produit phare de l'Enie, le téléviseur LCD 32 pouces, cédé à 52 000 DA en toutes taxes, qui s'arrache comme des petits pains. Selon les gérants de points de vente que nous avons interrogés, il arrive que les ruptures de stock durent plus d'une semaine. Unanimes à reconnaître n'avoir aucun souci particulier avec la clientèle quant à la fiabilité des appareils écoulés, ils regrettent cependant que la gamme des produits Enie ne soit pas assez large. «Nous aurions aimé que l'entreprise fabrique des démos numériques, des climatiseurs et pourquoi pas des appareils photo numériques», espèrent-ils, indiquant que leur sort et celui de leurs familles est lié au destin de l'entreprise.