Malgré le rappel à l'ordre de la Direction générale des impôts (DGI) qui a précisé dans une note d'information diffusée via la presse qu'«en aucun cas, le montant de la taxe ne doit se répercuter en plus des prix affichés par les opérateurs de téléphonie sur le prix de la carte ou sur le coût du rechargement» les patrons des boutiques et taxiphones qui pratiquent la vente des recharges de la téléphonie mobile continuent à répercuter l'augmentation sur le client. Un constat que nous avons relevé hier, suite à une tournée effectuée chez les kiosques et les taxiphones. Les nouvelles tarifications sont toujours affichées et en vigueur sur les recharges des deux opérateurs (Nedjma et Djezzy). Suite à l'instauration de la nouvelle taxe de 5% par l'ordonnance de la loi de finances aux opérateurs de la téléphonie mobile, prélevée mensuellement, des augmentations sur les cartes de recharges et les rechargements électroniques ont été imposés depuis quelques jours. Les commerçants détaillants exigent, en effet, une commission allant de 10 à 50 DA de plus sur toutes les cartes de recharges et sur les formules de rechargement (Flexy et storm). Les clients, surpris par cette nouvelle tarification, sont dans une confusion totale, puisqu'ils ne savent pas d'où émane cette nouvelle mesure. Et malgré les précisions de la DGI, rendues publiques avant-hier, aucun recul de la part des concernés n'a été fait et l'augmentation est de vigueur. Les commerçants détaillants rencontrés accusent les fournisseurs, c'est-à-dire les distributeurs, qui ont imposé ces nouveaux tarifs. Contactés, certains distributeurs jettent la balle aux opérateurs. La DGI avertit, dans le même cadre, qu'«en conséquence, tout montant prélevé par des personnes autres que les opérateurs de téléphonie concernés, expose leurs auteurs à l'obligation de reversement du montant du prélèvement majoré de pénalité, et ce, conformément à la législation fiscale en vigueur». Contactée par nos soins, la direction de la communication de Wataniya Télécom Algérie estime que la nouvelle tarification est une procédure «tout à fait normale», après que la nouvelle taxe de 5% ait été promulguée dans la loi de finances complémentaire 2009. Djezzy refuse de commenter cette information, préférant ne pas s'exprimer. Quant à l'Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT), elle s'est contentée d'indiquer que ses services sont «toujours dans l'attente des précisions du ministère des Finances». La direction de l'information de l'ARPT assure également que «les opérateurs et les clients seront fixés dès la réception de la réponse du département du Commerce». En attendant les textes en question, les citoyens payent depuis quelques jours déjà cette taxe. Ils déboursent plus qu'il n'en faut, depuis l'introduction de certaines formules dans notre pays, notamment celle du flexy, qui est une technique qui permet aux clients des trois réseaux de recharger la somme désirée, mais avec le paiement d'une commission. C'est ainsi que les détaillants prennent leur marge de bénéfice avec l'opérateur concerné, et les dix dinars qu'ils rajoutent pour chaque opération de rechargement constituent déjà un bénéfice informel «net et échappant à tout impôt», nous indique-t-on. Si les distributeurs continuent à pratiquer des augmentations en dépit de la mise en garde de la DGI, cela va leur permettre d'engranger des sommes faramineuses, car le nombre d'abonnés dépasse les 26 millions. Il y a lieu d'ajouter que le montant des sommes consommées par les Algériens dans la téléphonie mobile mensuellement avait atteint un seuil surprenant, puisqu'il a dépassé 12 milliards de dinars, soit 12 millions d'euros consacrés par les Algériens chaque mois, pour recharger leurs crédits de communication téléphonique. Ainsi, plus de 80% du chiffre d'affaires des opérateurs de la téléphonie mobile en Algérie provient des recharges qu'effectuent les clients chaque mois.