Le Forum des chefs d'entreprises a formulé récemment une demande d'audience au Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Peut-on en connaître les motifs ? Avez-vous reçu une réponse favorable ? Cette demande fait partie d'un programme de concertation que nous avons déjà élaboré avec les services du Premier ministre. C'est une action habituelle. Compte tenu des préparatifs de la campagne électorale, le Premier ministre n'a pas pu nous recevoir. Je pense qu'il le fera le plus tôt possible. Quelles sont les principales préoccupations des chefs d'entreprises qui seront portées à la connaissance du Premier ministre ? Il s'agit principalement de la situation de l'économie nationale dans son ensemble. Nous avons beaucoup de préoccupations de la désindustrialisation de l'économie nationale. Nous comptons évoquer, entre autres, l'assainissement financier des entreprises et l'emprise du marché informel. Nous voulons aussi aborder l'avenir de la stratégie industrielle. Est-ce que le FCE a exprimé officiellement une demande d'effacement des dettes des entreprises privées algériennes, à l'instar des agriculteurs et des éleveurs ? Dans notre domaine, particulièrement l'industrie, l'effacement des dettes est plus compliqué que celui de l'agriculture. Il existe des projets qui ont beaucoup souffert à cause notamment de certaines donnes, telles que le terrorisme. C'est plutôt cela qui nous préoccupe, soit l'assainissement général de l'entreprise et son environnement. Dans sa dernière sortie médiatique, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a évoqué l'encouragement du secteur privé algérien. Quelle est votre réaction par rapport à cet engagement ? Nous n'avons pas encore eu les détails de cette politique d'encouragement. Mais nous sommes vraiment satisfaits de cette déclaration et nous voudrions bien savoir comment mettre en œuvre cette stratégie et quels sont les moyens arrêtés dans cette optique. L'Algérie a adhéré à la zone arabe de libre-échange depuis janvier. Le FCE a exprimé ses inquiétudes quant à cette adhésion. Quel bilan faites-vous aujourd'hui ? En effet, nous avons exprimé notre inquiétude par rapport aux conditions d'adhésion à cette zone de libre-échange. Nous n'avons pas été préparés. Mais maintenant nous avons eu des assurances que les choses vont bien se passer, nous sommes rassurés. Dans l'immédiat, nous ne pouvons pas faire d'évaluation, il faudra attendre. Il faut au minimum six mois pour évaluer les conséquences de cet accord. Les pouvoirs publics ont adopté des dispositions visant à protéger l'économie algérienne, notamment les conditions de constitution de sociétés par des investisseurs étrangers soumises désormais à l'association d'un entrepreneur local. Quel est votre point de vue sur ces mesures ? Nous sommes pour ce type de mesures. Dans ce domaine-là, il faut privilégier les nationaux. S'agissant du contrôle qualité instauré par les services du ministère du Commerce, c'est une disposition qui permettra de protéger notre économie et d'éviter que le marché devienne un dépotoir des marchandises contrefaites. Ceci dit, il ne faut pas que les procédures de contrôle soient contraignantes. Le ministère du Commerce a souligné que les transitaires peuvent assurer ces services à défaut des importateurs. Le FCE a lancé un programme de manifestations et de conférences en faveur des chefs d'entreprises. Comptez-vous relancer ces activités ? Effectivement, nous avons organisé des rencontres pour apporter des réponses à plusieurs questions et préoccupations du monde économique. Nous avons invité des hauts responsables des ministères du Commerce et de l'Industrie pour évoquer toutes les questions inhérentes à l'investissement. Ce cycle n'a pas été arrêté, mais nous agissons en fonction des nouvelles dispositions et des textes régissant le secteur économique. Nous sommes partie prenante de toute concertation qui nous permettra d'émettre notre point de vue et nos propositions. Propos recueillis par Farouk Belhabib