Il paraît que la dernière sortie médiatique du ministre des Finances, M. Karim Djoudi, sur la loi de finances complémentaire 2009, a persuadé un bon nombre de chefs d'entreprise algériens. En effet, lors d'un entretien avec l'Agence de presse algérienne (APS), suivie d'une conférence de presse avec la presse écrite, le grand argentier du pays a levé le flou qui a entouré les dispositions apportées par la loi de finances complémentaire, visant à réduire les importations et à renforcer le contrôle de l'État sur le commerce extérieur. Pour le ministre, le partenaire étranger considère l'Algérie comme un portefeuille et un marché facile à gagner. Dans cette optique, malgré la mélancolie de certains patrons, d'autres chefs d'entreprise soutiennent plusieurs mesures contenues dans cette loi, et considèrent que le nouvel arsenal juridique a pour objectif la protection du marché national de tous les abus étrangers. Il faut le reconnaître, l'Algérie est en position de force, ce qui lui permet d'imposer ses conditions pour un véritable partenariat. Par ailleurs, parmi les mesures qui ont suscité les inquiétudes des patrons, figure l'instauration du crédit documentaire comme unique mode de paiement des importations. A ce propos, le transfert libre, moyen préféré des importateurs, n'est plus autorisé. A souligner, que plus de 60% des importations de marchandises et 90% de services étaient payés via le transfert libre, celui-ci n'oblige pas les importateurs de disposer d'une importante trésorerie. Dans ce sens, des chefs d'entreprise ont salué l'instauration de cette mesure, qui a pour objectif principal l'assainissement du commerce extérieur. Selon des propos recueillis par le quotidien électronique TSA auprès, des chefs d'entreprises privées ou publiques, "l'Algérie est devenue un véritable dépotoir pour les produits usagés et contrefaits. Les importateurs importent des engins et des camions qui ne roulent plus ou des produits de contrefaçon dangereux pour la santé publique. Il était temps que le gouvernement prenne des mesures pour réguler les importations", affirme au quotidien électronique TSA, un directeur algérien de la filiale algérienne d'un grand groupe français. "Nous importons des produits dont nous n'avons pas besoin", ajoute un autre chef d'entreprise. Dans ce sens, il faut se rappeler de la déclaration faite par le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, concernant la lutte contre le "marché du bazar", qui gangrène l'économie nationale. Les chiffres sont là pour le prouver, les importations de l'Algérie ont atteint les 40 milliards de dollars en 2008, en augmentation de 300% par rapport à 2002. Le marché algérien est inondé de produits en provenance du monde entier à des prix imbattables qui concurrencent fortement les producteurs locaux qui travaillent dans la transparence. "Beaucoup d'entreprises publiques connaissent des difficultés à cause de cette situation", reconnaît le même chef d'entreprise. Même histoire, pour le marché de véhicules. A cet effet, la suppression du transfert libre pénalise les constructeurs de véhicules qui n'ont pas tenu leurs engagements en Algérie. Ils ont mis de la pression pour interdire l'importation des véhicules de moins de trois ans, sans pour autant investir dans le montage ni dans la production de véhicules. Ils se sont contentés de vendre des voitures, sans assurer même un service après-vente de qualité aux clients. Ils n'apportent aucune valeur ajoutée au pays. En instaurant les nouvelles mesures, le gouvernement se met aussi en position de force pour négocier une éventuelle implantation d'un constructeur automobile en Algérie.