Comme pour toute la région du Sahara, l'histoire de cette localité est difficile à écrire. En l'absence d'éléments, la légende a pris le relais. Ainsi, la légende raconte que vers le VIe siècle de l'hégire, les habitants de Taghit étaient si nombreux (koum) qu'elle reçut l'appellation de Beni Goumi. A cette époque serait apparu un homme saint qui avait quitté sa ville Baghdad et s'installa à Taghit pour prêcher le Coran, ce saint s'appelait Sidi Mohamed Bayazid. Après sa mort, une kouba (stèle) est érigée entre Berrebi et Bakhti en son honneur et qui porte son nom jusqu'à nos jours. Concernant la ville de Béchar, peu de documents retracent son origine. Une légende recueillie localement, citée dans le livre de Abdelkader Hani, avance que le nom de Béchar viendrait du fait qu'un musulman envoyé par un sultan reconnaître cette région entre le IXe et le XVe siècle aurait pris une outre pleine d'eau limpide, d'où le qualificatif tiré de la racine «béchara» (donner la bonne nouvelle), qui lui aurait été attribué, ainsi qu'à la région. Au VIIe siècle de l'hégire, un groupe merrakchi vint s'installer à Zekkour, douar sis à proximité de Béchar où vivaient les Ouled Azzi. Au bout de 18 ans, un différend éclata entre les Ouled Azzi et un esclave des Merrakchis nommé Messaoud. Les Merrakchis prirent fait et cause pour leur esclave. Ils furent expulsés de Zekkour et vinrent s'installer à Djorf Torba, sur la rive gauche du Guir, dans un ksar qu'ils créèrent et dont on voit encore les ruines aujourd'hui. Ils ne restèrent que peu de temps en ce lieu trop fréquenté par les moustiques et les hôtes de passage. Ils décidèrent alors de regagner Kenadsa. Ils trouvèrent là un petit ksar appartenant aux Beni Hassen qu'ils agrandirent vers l'Ouest. Les Merrakchis, sous la direction de Sidi El Hadj Abderrahmane, arrière-grand-père de Sidi Mohammed, fondateur de la zaouïa, développèrent la maigre palmeraie existante et construisirent la mosquée dite de Sidi El Hadj. Cela se passait dans le courant du VIIIe siècle de l'hégire. Quelque temps après, les Figuigui vinrent revendiquer les terrains et proposèrent un arrangement aux nouveaux Kenadsiens qui refusèrent, préférant leur acheter pour 700 DA la portion de terre s'étendant de Ras El Debar à Oued Guir (Djorf Torba) et des collines du Krab à la Barga. Le ksar de Kenadsa deviendra le siège de la prestigieuse zaouïa Ziania et par conséquent un centre culturel rayonnant sur la région depuis le XVIIe siècle. A l'époque, Béchar était un ksar anodin, parmi les autres ksour de la région. Kenadsa ou El Ouina Cette agglomération portait jadis le nom d'El Ouina parce qu'une «petite source» qui irriguait les palmiers et fournissait l'eau potable aux habitants coulait au centre du ksar. Cette région était également appelée Mouillah, c'est-à-dire la petite source salée, car l'eau était un peu saumâtre. D'après la légende, Sidi M'hammed Ben Bouziane partit en pèlerinage à La Mecque. Après avoir rempli tous les rites imposés au hadji, il se rendit à Médine pour visiter le tombeau du Prophète Mohamed (QLSSSL). En s'approchant du tombeau, il salua l'envoyé de Dieu par la formule que l'on emploie pour saluer les vivants : «Essalem Alikoum.» Le Prophète lui répondit : «Oulikoum Essalem ya Mohammed El Kendouci.» De retour à El Ouina, le cheikh conta la chose mais la forme Kendoussi fut altérée et dès lors, on est parti de ce singulier pour avoir le pluriel Kenadsa. En réalité, si l'on en croit Ibn Khaldoun, Aouina aurait eu pour premiers propriétaires Kendouc et Zekhoum. Plus tard, lors de transactions commerciales, les acquéreurs firent insérer dans l'acte qu'ils achetaient Aouina dit «Kendsek» qui par déformation est devenu Kenadsa. Béchar, celui qui porte la bonne nouvelle Béchar est l'une des villes les plus anciennes d'Algérie. Sa création revient à l'âge de pierre et sa fondation remonte au Xe siècle. Des dessins et gravures sur des pierres témoignent de ce passé lointain. A défaut de documents, ce sont les légendes qui peuvent donner quelques éléments d'information sur l'origine du vieux ksar de Béchar. Mohamed Ould Cheikh, dans son roman Myriam dans les palmes paru en 1936, donne une version de la légende de Béchar. Les «réqas» (courriers) des régions avoisinantes venaient recueillir sur le site du ksar de Tagda des nouvelles. C'est ainsi que l'on donna le nom de Béchar qui signifie «celui qui apporte la bonne nouvelle». Ce qui laisse supposer que la région était une étape importante de passage très fréquentée par des voyageurs ou des caravanes véhiculant des nouvelles. Les habitants du village étaient appelés par les musulmans açhab el filège. Bilal fut le premier Africain noir musulman aux côtés du Prophète Mohamed qui en fit le premier muezzin de l'Islam. Toute la liturgie africaine tourne d'ailleurs autour de Bilal. Au cours de fêtes telles que celle de l'Aïd, le village nègre produisait un spectaculaire concert de chants, de danses africaines. L'on fêtait également le taureau pour se rappeler le sacrifice du taureau dont l'origine remonte à Bilal El Habachi. Lors de ce rituel, on tuait un taureau afin d'en nourrir la population. Beni Abbès, ksar Boukaïs et Tabelbala témoignent de la grandeur de la région Implanté sur les bords de la falaise qui surplombe Beni Abbès, le ksar Ghardiba était protégé de remparts formant un grand cercle entourant l'ensemble de la surface, il en subsiste encore des traces apparentes des murs de ce ksar qui est fondé par les Beni Hcien. A l'entrée de la grotte sous la falaise à 3 m du sol se dresse un tableau figuratif de signes intacts, qui atteste de la présence d'une des tribus qui ont marqué cette région. La légende de la naissance de la source des Beni Abbès raconte que vers le VIe siècle de l'hégire, Sidi Othmane venu d'Egypte campa avec son compagnon près de la colline de Hmama durant trois jours, il enfonça son bâton par terre et ordonna à son camarade de ne le relever qu'après sa mort. Après sa mort, son compagnon exécuta le vœu de Sidi Othmane et retira le bâton de la terre et à cet instant l'eau jaillit et depuis Aïn Beni Abbès coulait. Située sur une des plus importantes dunes de sable du grand erg occidental, Beni Abbès par son site naturel, la densité de sa palmeraie en forme de scorpion, son eau d'une qualité supérieure est séduisante. Les deux ksars que compte la ville dominent la rive droite de la vallée de Oued Guir. L'ermitage du père de Foucault, le musée, le vieux ksar perdu au cœur de la palmeraie et ses traditions font de Beni Abbès un endroit qui présente un intérêt touristique certain. Le ksar de Boukaïs encore intact se distingue par sa source à l'eau tiède en hiver et le mausolée de Sid El Hadj, saint patron du village où de nombreux malades viennent invoquer la miséricorde divine. Tabelbala, quant à elle, est connue pour le mystère de ses tombes géantes de 7 à 8 m de long et son dialecte difficile à comprendre. La tradition orale rapporte que lors de la prière du Sobh, le muezzin aurait aperçu des flammes à un endroit non loin de la mosquée. Accompagné de quelques fidèles, il vint s'enquérir de l'origine du feu. Alors, ils trouvèrent sept tombes encore fraîches et des traces de chameaux. Depuis une coupole est érigée en l'honneur de ces sept hommes.