Après une journée de jeûne, d'ennui et de fatigue, les familles algéroises, en grand nombre, sortent en soirée. A la sortie de la mosquée, après Ettarawih, priant Dieu Le Tout-Puissant de pardonner aux croyants leurs péchés, les rues d'Alger s'emplissent d'une foule joyeuse, et le peu d'espaces verts existants ainsi que les places publiques sont envahis. En l'absence d'espaces communs, d'aires de jeu et de jardins dans les quartiers d'Alger, les familles se déplacent en quête d'un coin paisible pour passer quelques moments de repos durant ce mois sacré. Si certaines familles passent leur soirée dans les kheïmas et les rares terrasses, d'autres, encore plus nombreuses, préfèrent se rendre pour un moment de bonheur à la grande esplanade de Maqam Echahid. L'ouverture, vendredi dernier, d'une foire organisée par le groupe privé Sogexpo, a attiré des centaines de familles. Dans ce chapiteau de 3000 m⊃2;, installé à l'occasion du Ramadhan, tout se vend : articles de ménage et de cuisine, jouets, vêtements, bijoux, livres, articles scolaires, tapis, meubles… On remarque la présence d'exposants iraniens, pakistanais, syriens et égyptiens qui proposent des produits en provenance de leurs pays. A l'entrée de la foire, le visiteur est accueilli par le premier stand de livres appartenant à Libraria Orientalis, une maison d'édition algéroise. Tous les livres, classique arabe, littérature arabe et religion, sont importés du Moyen-Orient. «Dans notre pays, on n'édite pas des livres de valeur», regrette le gérant de la boîte. «Les coûts d'impression, de distribution sont excessivement chers, c'est ce qui décourage l'éditeur algérien», ajoute notre interlocuteur qui propose des produits à des prix réduits. Un stand pakistanais propose des meubles de ce pays musulman de l'Asie. Chouaïb, le gérant la société Panorama international, qui vend des meubles rose et de la céramique faits à la main, propose ces produits à des prix raisonnables. «Vous voyez bien que tout est fait d'une façon artisanale, c'est-à-dire à la main», déclare-t-il. Iran Silver, une société iranienne installée en Algérie, expose des bijoux fabriqués dans le pays des ayatollahs. Amir, le responsable du stand, un jeune habillé et coiffé à l'américaine, a accroché dans son espace le portrait de son président, Mahmoud Ahmadinejad. «J'aime beaucoup notre président», déclare le jeune iranien dont l'allure le donne plutôt proche de Moussavi. Pas de temps pour la politique. Amir s'est installé en Algérie depuis quelques années et affirme avoir réussi à vendre ses produits dans notre pays. La foire attire des milliers de familles Par ailleurs, il faut dire que les stands qui attirent le plus de monde sont ceux réservés aux articles de cuisine, aux jouets pour enfants cédés à 50 DA la pièce et aux vêtements. «Je suis venue aujourd'hui pour visiter les lieux et voir les prix notamment des vêtements pour enfants», déclare une vieille de Belouizdad accompagnée de son fils. El Hadja promet de revenir le lendemain pour acheter des vêtements de l'Aïd pour ses petits-enfants. «Les prix ne sont pas chers, même s'il n'y a pas une grande différence avec les produits vendus dans les magasins», explique-t-elle. A l'instar d'El Hadja, de nombreuses familles que nous avons «apostrophé» affirment qu'elles sont venues dans l'espoir d'acquérir des vêtements pour leurs enfants pour célébrer la fête de l'Aïd El Fitr. Ainsi, les espaces réservés aux vêtements sont pris d'assaut par des femmes accompagnées de leurs maris et de leurs enfants. Il faut reconnaître que cet espace, en dépit de la bonne organisation, semble exigu pour accueillir tout ce beau monde. Le manager de Sogexpo, Zoubir Ouali, qui dirige l'un des groupes leaders dans l'événementiel, table sur 10 000 visiteurs/jour. Le créateur du concept Mentoudj bladi affirme que cet événement «grand public» permet au consommateur de passer un moment de distraction et de découvrir des produits à des prix raisonnables. «La valeur ajoutée d'une foire est de faire profiter le consommateur des prix raisonnables», souligne M. Ouali. A l'extérieur, c'est la maison Lahlou, organisatrice du grand couscous de Frikat, qui a mis en place une kheïma pour offrir un moment de plaisir aux familles. Spécialisée également dans la restauration, la maison Lahlou installe chaque année sa kheïma au niveau de l'esplanade de Maqam Echahid «par amour pour notre culture et nos traditions», explique son gérant. Dans un décor sahraoui, sous un fond musical targui, on sert du thé, du keblouz, des gâteaux traditionnels et des limonades aux nombreux clients à des prix pas chers. «Nous organisons cette kheïma pour sensibiliser les Algériens à s'attacher à leur culture qui est, de plus en plus, influencée par les cultures étrangères. C'est dans cette kheïma que les familles finissent leur soirée avant de renter chez elles. Il est déjà s'hour !