Impossible, en bon gourmet, de ne pas tout savoir sur l'histoire de ce produit mondialement réputé. En Grèce et à Rome, déjà, cette savoureuse spécialité faisait les délices des fins palais. A Avignon, le pape Jean XXII la prisait tellement qu'il créa la charge très enviée de «premier moutardier du pape». Il y a 3000 ans, les Chinois cultivaient déjà plusieurs espèces de cette plante crucifère à fleurs jaunes très courante en Asie. Ils furent les premiers à en broyer les graines et à les mélanger à un suc acide extrait du raisin, le verjus, afin d'obtenir de la moutarde. C'est au 14e siècle, lors des fastueuses fêtes de Rouvres, que la moutarde fait son entrée à la table des ducs de Bourgogne. Elle devient synonyme de richesse et raffinement. Dès 1390, la fabrication de la moutarde de Dijon est strictement réglementée. La légende raconte qu'en 1383, Charles VI, roi de France, fait appel à Philippe le Hardi, Duc de Bourgogne, pour aller porter secours au Comte de Flandres assiégé. Philippe le Hardi rassemble une armée de 1000 hommes, et pour financer celle-ci, décide de prélever une dîme auprès des puissants marchands de sénevé (nom de la moutarde de l'époque) ; il livre et gagne la bataille de libération. En rentrant à Dijon, il s'écrit «Moult me tarde de rentrer à Dijon», inscription brodée sur le drapeau du cortège. En arrivant à Dijon, le drapeau flotte au vent et un pli masque le «me». Les Dijonnais voient de loin le drapeau et s'écrient «l'armée des moutardiers arrive». Reconnaissant, Philippe le Hardi autorise les fabricants de sénevé à devenir des moutardiers et à pouvoir utiliser les armes de la Bourgogne sur leurs produits.Il existe plus de 40 espèces dont les plus communes sont : Brassica nigra, Sinapis alba Brassica juncea Le verre à moutarde Le conditionnement de la moutarde suscite rapidement de la part des fabricants un intérêt particulier. L'emballage devient un vecteur de l'identité de la marque. Dès les premiers statuts des vinaigriers moutardiers de Dijon, la marque doit être présente sur le produit dans un souci de vérification de son origine. Rapidement, les fabricants exploitent cette obligation comme un atout. A partir de 1900, des emballages fantaisies sont proposés : à usage domestique (seau, broc, pots en grès...) ou à but comique ou satirique. Dès la fin du 19e siècle, les verres à boire restent l'objet emblématique de cette adaptation du conditionnement de la moutarde. L'utilisation la plus courante de la moutarde est l'accompagnement des viandes. Elle est aussi indispensable pour monter une mayonnaise traditionnelle ou une vinaigrette française. Certains l'utilisent encore pour badigeonner un rôti avant de l'enfourner ou pour relever certaines sauces. Bref, la moutarde donne du piquant et du caractère à tous vos plats. De plus, elle est naturellement saine !