Si tout se passe bien, car on ne sait jamais, des millions d'élèves prendront ou reprendront le chemin de l'école. On ne sait jamais, parce qu'au vu de tout ce qui l'a précédée, il n'est pas évident que cette rentrée soit comme les autres. Même s'il est acquis que les écoles vont ouvrir leurs portes et les enfants vont s'y engouffrer pour une reprise symbolique, la suite ne s'annonce pas toute en sérénité. Mais c'est déjà ça de pris quand on sait que bien avant cette date, des âmes particulièrement inspirées ont fait entendre leurs voix pour une revendication tout à fait saugrenue. On ne sait pas si ces voix ont officiellement saisi le ministre de l'Education, mais on sait qu'elles se sont, le plus sérieusement du monde, exprimées à travers certains médias pour demander le report de la rentrée scolaire pour leur permettre de «préparer» tranquillement l'Aïd. Le début d'une année scolaire de leur progéniture étant donc quelque chose de tout à fait accessoire, il faut la renvoyer, l'éclipser pour faire de la place aux «choses sérieuses». De la part de parents qu'on a rarement entendu sur les programmes, la qualité des enseignants, les horaires, la pédagogie, les cantines ou le sport à l'école, il est vrai qu'on n'attendait guère mieux, mais on ne savait pas qu'ils allaient pousser les choses jusqu'à dire publiquement et avec autant de désinvolture que la rentrée des classes était le dernier de leurs soucis. Et puis cette histoire de tabliers introuvables. Après le coloris bleu, voilà que le rose devient à son tour problématique. C'est demain la rentrée scolaire, mais ce n'est jamais évident avec des directeurs d'école qui jurent leur intransigeance : pas question de laisser entrer le moindre bambin sans tablier. Ils ferment les yeux sur beaucoup de choses pas très nettes, mais le bleu et le rose, on ne joue pas avec. C'est le retour à la maison assuré pour le mioche qui ne s'y soumettra pas. Pour le énième nouveau programme, les horaires impossibles et les toilettes débordantes, ce n'est pas l'affaire des dirlos. Les vacataires impayés depuis l'an passé, les autres vacataires qui vont perdre leur emploi et les titulaires sans logement, ce n'est pas leur affaire non plus. Ils appliquent les «instructions» On ne sait pas de quoi les prochains jours de l'école seront faits, mais on sait que demain c'est la rentrée. Pour ce premier jour, on ne va quand même pas empêcher des élèves de rentrer parce que la couleur du tablier n'est pas de rigueur, on ne va pas anticiper sur un débrayage annoncé des enseignants et on ne va pas répliquer à quelque pédagogue grincheux qui aura dit tout le bien qu'il pense des nouvelles méthodes. Demain on ne fera rien. C'est la rentrée. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir