Plus de 8 millions d'élèves rejoignent aujourd'hui les bancs de l'école. Les pouvoirs publics ont redoublé d'«assurance», notamment lors des dernières sorties du ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, pour étaler les moyens mis par l'Etat pour mener à bien l'année scolaire qui démarre mais aussi expliquer les changements intervenus, fruits d'une réforme «ambiguë», selon les syndicats, qui n'est pas encore à son terme. D'où l'inquiétude de ces derniers qui décident de «boycotter» cette journée, signe pour eux que l'année ne sera pas de tout repos. Benbouzid donnera le coup de starter officiel à partir du Palais de la culture, avant d'effectuer une visite dans la wilaya d'Alger. «Tout est fin prêt pour une meilleure rentrée», a-t-il annoncé, mettant en avant les moyens tant sur le plan humain que pédagogique et social déployés pour y parvenir. Ainsi, pour encadrer les élèves, quelque 370 000 enseignants sont mobilisés en plus des 10 000 autres qui seront reçus au concours qui aura lieu en octobre. Le problème crucial ayant trait au manque de manuels scolaires est définitivement réglé, selon le premier responsable du secteur. Point donc de pénurie comme les années précédentes où les parents d'élèves faisaient de longues queues pour se les procurer auprès de l'Office des publications scolaires. Cette année, ils seront distribués gratuitement. 60 millions d'ouvrages ont été «confectionnés» pour une enveloppe estimée à 6,5 milliards de dinars. Ils se trouvent déjà au niveau des établissements, affirment-on. Les aides ne s'arrêtent pas à ce stade pour autant. La prime de scolarité, qui était de 2000 DA, sera désormais de 3000 DA et concernera 3,8 millions d'élèves. Pour le volet «soutien scolaire» l'Etat a alloué une enveloppe de 30 milliards de dinars, sans compter les 4800 bus destinés au transport scolaire et d'autres «infrastructures»ouvertes telles les cantines scolaires. Selon les estimations du ministère, seront reçus pour la rentrée scolaire 350 écoles primaires, 400 CEM et 138 lycées à l'échelle nationale. Mais il n'en demeure pas moins que des retards dans la livraison sont attendus. S'agissant du volet pédagogique, le ministère a insisté sur l'allégement des programmes scolaires. En témoigne le «prolongement» de l'année scolaire jusqu'au 4 juillet. Les cours qui se terminent traditionnellement en mai s'étaleront pour leur part jusqu'au 20 juin. Une année scolaire qui s'étalera donc sur 35 semaines au lieu de 27, en plus du projet de ramener la séance de travail à 45 minutes au lieu d'une heure. Une mesure qui ne sera pas cependant appliquée totalement cette année. Le nouveau week-end intervenu en août est venu également mettre son grain de sel pour donner un cachet particulier à l'année scolaire qui commence. Pour rattraper les heures de jeudi de l'ancien système, celles-ci seront dispatchées tout le long des autres jours de la semaine. Comme pour caractériser «absolument» la rentrée, la grippe A s'est elle aussi invitée dans le débat. Le ministre a rassuré qu'un plan de prévention est déjà mis en marche. Il assistera d'ailleurs aujourd'hui à la cérémonie solennelle du cours inaugural sur la prévention de la grippe A/H1N1. Si le ministère affiche une «assurance» justifiée par les moyens consentis, il n'en est pas de même chez les syndicats et même les parents d'élèves qui n'hésitent pas à relever «le replâtrage» de la tutelle. Les syndicats autonomes lui reprochent par exemple sa politique de deux poids, deux mesures en termes de recrutement, mais aussi le fait de passer sous silence leurs statuts particuliers et le régime indemnitaire. Le manque d'enseignants de langue française relevés reste aussi à «combler» mais les syndicats évoquent un refus de création de postes budgétaires car les demandeurs existent. De l'assurance de la tutelle à la menace des syndicats, l'année scolaire qui commence s'annonce en tout cas d'ores et déjà chaude.