Depuis son installation le 21 juin par le ministre de l'Education nationale, lors d'une rencontre avec les représentants de sept syndicats du secteur de l'éducation, la commission mixte chargée d'élaborer le régime indemnitaire ne s'est jamais réunie ! Depuis janvier 2008, date de l'adoption de la nouvelle grille des salaires de la Fonction publique, les syndicats de l'éducation nationale ont fait de l'application du régime indemnitaire aux enseignants une de leurs principales revendications. Devant les mouvements de grève enclenchés de manière presque cyclique par les enseignants, le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, était «contraint» de mettre en place, le 21 juin, date de démarrage des l'opération de correction du bac, une commission nationale mixte (ministère et représentants des syndicats), chargée de faire des propositions sur le régime indemnitaire. Le choix de la date n'était pas fortuit de l'avis du secrétaire général du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), Nouar Larbi. «Le ministre a choisi cette date pour calmer les esprits des enseignants et permettre le bon déroulement de l'opération de correction du bac», affirme M. Larbi qui qualifie de «diversion» l'installation de la commission. Abondant dans le même sens, le secrétaire général du Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, affirme que depuis son installation, la commission n'a jamais tenu de réunion de travail. «Nous avons relancé à deux reprises le ministre de l'Education, les 17 et 23 août, sur la question du régime indemnitaire, nous n'avons pas encore reçu de réponse», dénonce M. Meriane. Le ministre, selon notre interlocuteur, demande aux représentants des enseignants de lui faire part de leurs propositions, alors que, explique-t-il, le temps est plutôt à la prise en charge de la revendication par les services du Premier ministre. «Nous savons que le ministre de tutelle n'a pas de pouvoir de décision sur l'application du régime indemnitaire, c'est pour cela que nous demandons au gouvernement d'afficher une sincère volonté pour régler le problème dans les plus brefs délais», indique notre interlocuteur. «Le statut particulier pour bloquer le régime indemnitaire» Tout en condamnant la «fuite en avant» du département de Boubekeur Benbouzid, le secrétaire général du Snapest dénonce la duplicité du discours des responsables en ce qui concerne l'application du régime indemnitaire. Selon lui, il y a un discours qui prône l'ouverture du dossier du régime indemnitaire et un autre qui évoque la promulgation du statut particulier comme préalable à son ouverture. «C'est une manière de bloquer le régime indemnitaire», dénonce M. Meriane. De son côté, le secrétaire général du Cnapest, Nouar Larbi, affirme ne rien comprendre au changement de position par le gouvernement sur la question du régime indemnitaire. Alors que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a affirmé, lors de la présentation de son plan d'action à l'APN, que des négociations seront ouvertes en vue de l'application du régime indemnitaire, explique M. Larbi, le ministre des Finances a déclaré que les incidences financières qu'auront les augmentations des salaires ne sont pas prises en charge par la loi de finances complémentaires de l'année 2009. Ne croyant plus aux promesses sans lendemain, le premier responsable du Cnapest rappelle qu'en date du 25 décembre 2008, une réunion entre le ministre de l'Education et les syndicats a été sanctionnée par un procès-verbal, et à ce jour, aucune des clauses n'a été appliquée ! «Je pense qu'il n'y a pas de volonté pour prendre en charge les revendications des enseignants», souligne notre interlocuteur. Même son de cloche chez le Conseil des lycées d'Algérie (CLA), puisque son chargé de la communication, Achour Idir, accuse M. Benbouzid d'adopter la «politique de la fuite en avant» dans sa démarche. «Le ministre demande aux syndicats de faire des propositions, alors que celles-ci sont connues de tous depuis des mois», affirme M. Idir. «L'application du régime indemnitaire qui devrait avoir lieu en janvier 2008 risque encore de tarder jusqu'à 2012 si les enseignants ne se mobilisent pas», souligne notre interlocuteur, en appelant les syndicats à construire un rapport de force en leur faveur. Il rappelle à cet effet la mobilisation des travailleurs de la santé qui ont réussi à arracher une augmentation de leurs salaires. Le secrétaire général du Syndicat autonome de l'éducation et de la formation (Satef), Mohand Oussalem Sadali, rappelle, pour sa part, les principales revendications des enseignants qui consistent en la revalorisation de la valeur du point indiciaire des fonctionnaires qui devra être évalué en fonction des prix du marché ainsi que l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90/11 relatif au salaire national minimum garanti (SNMG). «Les travailleurs seront très déçus par la prochaine tripartite puisque l'article 87 bis empêche l'augmentation des salaires pour toutes les catégories», regrette, pour sa part, le secrétaire général du Cnapest. Pour faire entendre leur voix, les syndicats appellent d'ores et déjà au boycott des classes le 5 octobre, à l'occasion de la Journée mondiale des enseignants.