Vers 14h, les rues de la capitale donnaient l'image d'une ville morte. Hormis la présence des éboueurs, la plupart des magasins étaient fermés en dépit de l'appel lancé par le ministère du commerce. Une sorte de sinistrose régnait sur la ville. C'est l'image de la capitale aux premières heures de la deuxième journée de l'Aïd et plus précisément après le déferlement des centaines de milliers de fidèles ayant effectué la prière. Après les accolades et les étreintes, les uns ont regagné leurs foyers et les autres ont pris leurs véhicules pour rendre visite aux proches et amis. Ces derniers n'ont trouvé aucune difficulté pour se déplacer. Seuls quelques automobilistes étaient présents sur les axes routiers, notamment les autoroutes. Vers midi, les rues d'Alger étaient désertes et seuls les services de ramassage d'ordures emplissaient le vide. En vérité, ces hommes qui portent le nom d'éboueurs mais qui sont, réellement, «les nettoyeurs des rues» ont occupé, la journée durant, les rues d'Alger pour ramasser les tonnes d'immondices jetés par les habitants. Le sinistre silence qui pesait sur les rues d'Alger était rompu par le vrombissement des camions des éboueurs qui, faut-il le souligner, ont, et c'est tout à leur honneur, passé la fête de l'Aïd le nez dans les poubelles. La sinistrose régnait dans les rues de la capitale. Contrairement aux instructions émises par le ministre du commerce, incitant les commerçants à ouvrir, la plupart des rideaux étaient baissés, donnant à la capitale un aspect de ville morte. La fermeture des boulangeries avait créé la panique chez certains algérois, contraints de s'approvisionner auprès des revendeurs de pain à la criée. Il est vrai que beaucoup de citoyens avaient choisi de se rendre «au bled» pour y rencontrer parents et amis. Les gares routières et les aéroports étaient littéralement pris d'assaut par les voyageurs qui se comptaient par milliers. La veille de l'Aïd, les axes routiers de l'Est et de l'Ouest ont connu une fréquentation massive de véhicules. Si les policiers et gendarmes en faction aux barrages au sein de la ville n'ont pas géré une grande afluence, sur les autoroutes (en direction de Boumerdès par exemple) ils ont assisté à une circulation intensive. Des bouchons interminables se sont constitués aux portes d'Alger. Un départ massif difficilement quantifiable qui a eu pour effet de plonger la ville d'Alger dans le vide absolu où seuls les marchands de jouets et autres gargotiers de fortune étaient actifs aux côtés des nettoyeurs de la ville et des services de sécurité.