La hantise des inondations revient à l'esprit à chaque fois que de fortes précipitations sont enregistrées. Les fortes averses ne sont pas forcément à l'origine des catastrophes naturelles. C'est la présence d'un ensemble de facteurs qui favorisent le déclenchement des inondations. En dépit des débris et gravas non enlevés par les entreprises réalisatrices de projets de construction, les collecteurs, avaloirs et autres ouvrages, censés drainer les eaux pluviales, se trouvent obstrués par les déchets solides charriés par les eaux pluviales, les sachets noirs et autres détritus jetés par les ménages. Cette situation est encore aggravée par le chevauchement des missions des différents services chargés de l'entretien des différents ouvrages. Avec le changement climatique, une prise en charge plus sérieuse doit être entreprise par les pouvoirs publics. Pour Amar Chouikh, directeur d'exploitation à l'Office national d'assainissement (ONA), «il faut créer une commission au niveau de chaque wilaya pour assurer l'entretien des ouvrages». Cette commission composée notamment de représentants de la direction des services hydraulique (DHW), des travaux publics (DTP) et de l'ONA devra intervenir pour faire face aux inondations qui constituent une vraie menace pour les populations. En plus des réunions régulières qu'elle devra prévoir, elle devra élaborer des plans d'action en vue de prédire les catastrophes naturelles, a-t-il suggéré. Un dispositif d'alerte enclenché Au niveau de l'ONA, un dispositif d'alerte et d'intervention est opérationnel tout au long de la période automnale et hivernale. La mise en place de ce dispositif est précédée par une vague opération d'entretien des ouvrages au cours des mois d'août et de septembre. Un curage systématique des avaloirs est assuré, nous a-t-il expliqué, ajoutant que cette mission est assurée en plus du travail effectué sur le réseau d'assainissement. «Nous intervenons également sur les points noirs», qui sont situés au niveau des sites de réalisation de projets de construction, notamment. Pour les éradiquer, l'ONA procède, à chaque fois, à la réalisation d'un nouveau collecteur comme celui en cours au niveau du port d'Alger. Surveillance des points noirs Par ailleurs, explique Amar Chouikh, l'ONA est en alerte dès la réception d'un bulletin météorologique spécial en enclenchant un dispositif particulier de surveillance des points noirs à travers lequel les équipes de l'ONA sont mobilisées en permanence jusqu'à la levée de l'alerte. Elles interviennent en collaboration avec les services de la direction des travaux publics (DTP), des communes et de la Protection civile, a-t-il ajouté. Ce même responsable fera remarquer, par contre, que le curage des réseaux des eaux pluviales, des avaloirs, des grilles et des caniveaux ne relève pas des missions de l'ONA mais de ceux de la DTP. Dans la capitale, le curage des avaloirs, par exemple, au niveau des communes intramuros est confié à l'entreprise Asrout alors qu'au niveau des autres communes cette mission est assurée par les services communaux. Et pourtant, les missions sont connues Cependant, l'entretien de tous ces ouvrages est confié à l'ONA, qui est pourtant chargée de la gestion du réseau d'assainissement, a-t-il remarqué. Cette situation est constatée principalement au niveau des wilayas de l'intérieur du pays où les wilayas ne s'adressent qu'à l'ONA pour toutes les opérations de curage ou d'entretien des différents ouvrages. Or, «il est pratiquement impossible à l'ONA d'assurer l'entretien de la totalité des ouvrages», a-t-il reconnu, insistant, à l'occasion, sur le problème des rejets des déchets solides. Les débris de travaux de construction et les appareils électroménagers détériorés obstruent les têtes d'ouvrages, c'est-à-dire les points qui assurent la jonction entre les oueds et les collecteurs. Malgré les multiples interventions, ce problème ne peut être résolu en l'absence de civisme des populations. Les services de l'ONA, a-t-il ajouté, interviennent également au niveau des «chambres à sable» et les bassins de rétention. Cependant, il est constaté que de grandes quantités de sable atterrissent au niveau des réseaux d'assainissement. Pour certains ouvrages, le manque de curage peut carrément provoquer des inondations, a averti le responsable. Pour les stations de relevage, un entretien permanent doit être assuré, a recommandé Amar Chouikh.