Un homme de 49 ans, soupçonné des meurtres d'au moins huit femmes en 21 ans à Milwaukee, a été inculpé de sept de ces homicides. Walter E. Ellis, un ouvrier au chômage de Milwaukee, a d'abord été accusé des homicides de Joyce Mims, 41 ans, et Ouithreaun Stokes, 28 ans, toutes deux étranglées. Il a été arrêté le 5 septembre, le lendemain du jour où les autorités avaient relié son ADN (prélevé sur une brosse à dents) avec celui qui avait été découvert sur les corps des victimes. Ellis a ensuite été inculpé des meurtres de sept femmes en tout : Deborah Harris, 31 ans, et Tanya Miller, 19 ans, en octobre 1986 ; Irene Smith, 25 ans, en 1992 ; Sheila Farrior, 37 ans, et Florence McCormick, 28 ans, en 1995 ; Joyce Mims, 41 ans, en 1997 ; Ouithreaun Stokes, 28 ans, en 2007. L'adjoint du procureur John Chilsholm a expliqué qu'il ne serait pas surpris que le nombre de victimes liées à Ellis soit encore plus élevé, car le laboratoire d'Etat continue ses analyses ADN sur 20 autres meurtres de prostituées étranglées à Milwaukee.
Les victimes L'ADN d'Ellis a été retrouvé sur les corps de neuf femmes assassinées entre 1986 et 2007. Selon les dirigeants de la police, la 9e victime - une fugueuse de 16 ans - aurait été égorgée par quelqu'un d'autre que Walter Ellis. Les autres victimes, toutes prostituées et Afro-Américaines, ont été étranglées. Les meurtres ont eu lieu dans un périmètre assez réduit, au nord de la ville. L'une des victimes a été découverte dans la Menomonee River. Pour deux des homicides reliés à Ellis, deux autres hommes avaient été inculpés de meurtres : Curtis McCoy en octobre 1994 pour le meurtre de Carron Kilpatrick, qui était alors sa petite amie et la mère de leur fille (il a été acquitté) et Chaunte Ott, reconnu coupable du meurtre de Jessica Payne, la jeune fugueuse. Ott a passé 13 années en prison avant d'être libéré en janvier 2009, après que des analyses ADN aient prouvé que le sperme découvert sur le corps de l'adolescente n'était pas le sien. Les enquêteurs ont commence à s'intéresser à Ellis après avoir remarqué que son nom apparaissait dans leurs enquêtes sur plusieurs des meurtres. «Un bon travail de police et une bonne police scientifique nous ont conduit à Walter Ellis», a affirmé le chef de la police de Milwaukee, Edward Flynn. Ellis n'était pas chez lui lorsque la police a perquisitionné son duplex le 29 août. Les enquêteurs ont donc saisi sa brosse à dents et un rasoir afin de comparer son ADN à celui du tueur. Les analyses se sont révélées concluantes. Un mandat d'arrêt contre Ellis a été lancé le 4 septembre et la police de Milwaukee a diffusé à tous ses services et agences la description de son véhicule. Le lendemain, l'officier de police Jason Fincel a remarqué la voiture garée au Park Motel, dans la petite ville de Franklin, au sud de Milwaukee. Il a prévenu ses collègues et Ellis, qui n'était pas armé, a été arrêté sans se défendre, en compagnie de sa petite amie. Ellis vivait dans son duplex, au nord ouest de Milwaukee, depuis quelque mois et, selon ses voisins, il n'a jamais causé le moindre problème. Il a pourtant été arrêté 12 fois entre 1981 et 1998 pour des agressions brutales sur ses différentes compagnes, des ventes de drogue ou des cambriolages. Il a notamment été condamné à 5 années de prison pour avoir frappé à la tête une petite amie avec un marteau. Ellis a vécu auparavant près de West Chambers street et de la North 6th street, non loin des endroits où ont eu lieu la plupart des meurtres. La famille de Joyce Mims a expliqué qu'elle avait vécu à quelques pâtés de maison de Walter Ellis et qu'elle sortait avec l'oncle de ce dernier lorsqu'elle a été assassinée. «Il avait l'air d'être un type normal», explique Purvis Mims, le fils de Joyce. «ça montre qu'on ne sait jamais vraiment ce qui se passe derrière la porte.» Purvis Mims ne connaissait pas Ellis personnellement mais l'avait rencontré plusieurs fois avant que sa mère ne soit assassinée. «Elle le connaissait sans doute beaucoup mieux que nous… J'ai toujours pensé qu'elle connaissait son meurtrier, à cause de l'environnement dans lequel on l'avait trouvée. Je sais qu'elle ne se serait pas rendue dans une maison abandonnée avec un étranger, quelles que soient les circonstances. Elle avait probablement un rapport avec lui.» Purvis Mims affirme qu'il a toujours été optimiste, surtout après que les autorités aient annoncé qu'ils avaient relié les meurtres grâce à un ADN. «J'avais confiance parce qu'une personne qui fait ce genre de choses ne s'arrête pas. Il ne peut pas ne plus jamais le faire ou ne plus avoir à faire avec la police.» Selon le chef Flynn, la police a également identifié des suspects pour 5 autres meurtres commis entre 1983 et 1994. Quatre de ces suspects sont déjà incarcérés pour d'autres crimes. Les membres de la Force spéciale qui a enquêté sur les meurtres ont étudié plus de 700 noms qui apparaissaient dans les neufs enquêtes, examiné plus de 15 000 agressions sexuelles sur une durée de 23 ans, vérifié 6000 enquêtes reliées à la prostitution, revu 2000 arrestations ayant eu lieu près des endroits où les corps ont été découvert sur une période de 15 années, recherché 1000 noms dans la base de données des prisonniers du Wisconsin, ainsi que 125 000 personnes dans la base de données ADN du Wisconsin et 6 millions dans la base de données ADN nationale. En fait, Walter Ellis était encore emprisonné en 2001 et son ADN aurait donc du se trouver dans la base de données des condamnés du Wisconsin. Ce n'était pas le cas. Une enquête a montrée que son ADN avait bien été prélevé et envoyé au Ministère de la Justice, mais il semble que le prélèvement ait été «égaré». Le Ministère de la Justice affirme n'avoir jamais reçu le prélèvement, qui n'a pas non plus été reçu par le laboratoire Texan qui développait des profiles ADN à l'époque. Le ministre de la Justice et l'administrateur des services de police du ministère ont affirmé qu'une enquête approfondie serait menée afin de comprendre pourquoi ni le Ministère ni le laboratoire du Texas n'ont reçu le prélèvement. Il semble en effet que si cette erreur a été commise pour Ellis, elle a pu être commise pour d'autres condamnés.