Avec la dernière décision de la direction des œuvres universitaires (DOU) de l'université M'hamed Bouguerra de Boumerdès de supprimer la mixité au niveau des résidences universitaires Ziani Lounès et ex-INH, il ne restera désormais que cinq résidences mixtes sur les 315 cités existantes sur le territoire national. Source de conflits pour les uns, source de stabilité et d'apaisement pour les autres, la mixité dans les résidences universitaires n'en finit plus de susciter la polémique. Le nombre de cités où se côtoient garçons et filles s'est réduit comme peau de chagrin, puisque, actuellement, seules les résidences de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa sont encore mixtes. Dans cette wilaya, les étudiants, en dépit des pressions des milieux hostiles à la mixité, se sont battus pour sauvegarder «un acquis» qui leur est cher. «Nous n'allons jamais céder aux pressions et ce quelle que soit leur origine. Les étudiants de Béjaïa, dans le cadre des comités autonomes, défendront, d'une manière pacifique, la mixité dans les résidences et au niveau des facultés», affirme un membre du comité des étudiants que nous avons contacté hier. Selon lui, depuis l'ouverture de l'université de Béjaïa en 1983, aucun incident n'a été enregistré au niveau des résidences pour cause de mixité. Bien au contraire, ajoute-t-il, la mixité contribue à apaiser les esprits des étudiants qui se comportent en gens civilisés. Et de s'interroger : «Je ne sais pourquoi le fait que des filles et garçons vivent ensemble fait-il peur à certains ?» Le secrétaire général de l'Union générale des étudiants algériens (UGEA), Sofiane Khaldi, affirme que la mixité dans les cités U contribue à améliorer considérablement le niveau des étudiants sur le plan culturel, scientifique, etc. «Si nous effectuons une étude comparative sur le taux de réussite des étudiants au niveau des résidences qui ne sont pas mixtes et celles qui sont mixtes, nous trouverons que les étudiants résidant dans ces dernières réussissent le plus dans leurs études», explique M. Khaldi. Pour lui, la mixité impose à l'étudiant un comportement exemplaire, une conduite irréprochable et une attitude respectueuse envers ses collègues. Pour sa part, Habib Boukhelifa, docteur en sociologie et enseignant à l'université de Bouzaréah, la mixité est une manière plus naturelle de vivre, et toute tentative d'empêcher ce processus d'interaction entre l'homme et la femme provoquera, selon lui, des «dégâts dans les équilibres interhumains». La décision de supprimer la mixité dans les résidences universitaires, souligne notre interlocuteur, est une solution artificielle, car elle ne va pas au fond des problèmes. Notre interlocuteur reconnaît toutefois que la mixité est à l'origine de quelques problèmes, puisque, explique-t-il, elle n'est pas prise en charge au niveau de la cellule familiale. A noter enfin que toutes nos tentatives de contacter le DOU de Boumerdès, Mohamed Cherif Bouyahioui, pour avoir sa version, ont été vaines.