Les projections du programme quinquennal de développement tablent sur la création de 200 000 petites et moyennes entreprises pouvant générer jusqu'à un million de nouveaux postes d'emploi. Les autorités entendent utiliser ce potentiel pour la relance de l'économie, sous réserve que les PME améliorent leurs performances. Clé de voûte sur laquelle doit reposer l'économie nationale, la PME est encore confrontée à des contraintes majeures liées à sa taille, son mode de financement et l'environnement fortement concurrentiel dans lequel elle évolue. Les pesanteurs bureaucratiques et l'absence de vision à long terme sur le rôle dévolu à cette entité économique dans la lutte contre le chômage et les disparités régionales contribuent aussi à la fragiliser à un moment où elle est appelée à un rôle majeur dans la nouvelle stratégie industrielle élaborée par les pouvoirs publics. En Algérie, le tissu des PME est fortement concentré dans quelques «enclaves» du nord. Elles sont sinon absentes, du moins peu nombreuses dans les vastes régions du sud où les besoins de développement sont énormes. Autre caractéristique, à l'exception d'une poignée d'entreprises qui ont réussi à investir le marché international, la plupart semblent évoluer de manière séparée, sans coordination ni concertation entre elles, et ce, malgré l'existence de chambres de commerce et d'industrie, de bourses régionales de sous-traitance et de partenariat et d'associations patronales censées les appuyer et les soutenir dans leur quête d'opportunités d'affaires, ici ou à l'étranger. L'importance de la mise en réseau De nombreux chercheurs algériens ont relevé ces incohérences et bon nombre d'autres faiblesses qui se dressent en travers de l'essor de la PME. Essentiellement, c'est le manque de financement, les capacités de gestion limitées, l'absence de culture managériale moderne, l'exploitation balbutiante des technologies de la communication et de l'information et une productivité en deçà des normes universelles. Il y a surtout le fardeau d'une réglementation contraignante et les injonctions politiques conjoncturelles qui brisent leur élan. Les analystes précisent que cette situation, par ailleurs vécue dans d'autres pays en voie de développement, n'a pas empêché ces derniers d'adapter leur PME aux évolutions du marché international caractérisé par la globalisation des échanges. Ils préconisent ainsi la modernisation des méthodes managériales, la révision des procédés d'exploitation et l'adoption de stratégies nouvelles faisant appel aux meilleures pratiques internationales en la matière. Ils relèvent surtout la nécessité d'une législation plus souple, moins contraignante et plus adaptée aux réalités nationales et régionales ainsi qu'un soutien sans faille de l'Etat, à travers notamment l'attribution de subventions et/ou d'avantages fiscaux. En somme, tout un programme qui attend la PME algérienne laquelle, aujourd'hui, a plus besoin que jamais de se «réseautiser», une pratique en usage dans les pays développés qui ont compris l'utilité de la mise en réseau des PME. Une pratique qui veut que ces dernières se regroupent, mettent en commun des ressources, coopèrent entre elles et partagent le pouvoir de décision. Ce mode de fonctionnement et d'organisation permet en fait de résoudre des problèmes communs et d'exploiter des occasions communes. Des préoccupations communes Les préoccupations des managers et chefs d'entreprise ont trouvé écho au niveau du gouvernement qui planche, depuis quelque temps, sur un projet d'intégration des entreprises nationales, privées et publiques, dans le programme de développement national. Autrement dit, faire appel en priorité aux PME nationales pour la prise en charge des chantiers de développement, comme n'ont cessé de le revendiquer les patrons depuis plusieurs années. Le plan quinquennal qui arrive à terme n'a pas profité aux PME algériennes, qui disent avoir été exclues de toutes les consultations au profit d'entreprises étrangères parfois moins «calées» mais disposant, et c'est ce qui manque à l'entreprise nationale, d'un appui conséquent des banques et des fonds d'investissement. Le gouvernement entend donc corriger cette «ineptie» économique à travers la mise en place de cette politique «préférentielle», soit offrir aux PME l'opportunité pour profiter des offres de l'investissement. Le ministre de la PME et de l'Artisanat en a expliqué les grandes lignes, soulignant que la loi sur les marchés publics «sera améliorée». Cette «préférence nationale» n'exclut pas les critères de sérieux, de compétence et de qualité. Raison qui lui a fait dire que les entreprises doivent obligatoirement améliorer leurs performances si elles veulent tirer profit de cette nouvelle politique. Mais, pour ce faire, il est évident qu'elles ne négligent pas les régions autres que celles où elles interviennent habituellement. Les programmes de développement, on le sait, ont souvent été contrariés par la faiblesse de «l'outil de production» et le manque d'entreprises de réalisation là où on a le plus besoin d'elles. Dans plusieurs wilayas, des projets de dimension modeste demeurent gelés à cause, justement, du refus des entreprises, publiques et privées, de soumissionner pour des marchés qu'elles trouvent peu juteux. L'éloignement, la modestie du projet, et la difficulté de trouver sur place des sous-traitants et une main-d'œuvre qualifiés sont évoqués à chaque fois.