Sur le programme des 25 000 logements sociaux participatifs (LSP) inscrits pour la wilaya de Sétif dans le cadre du plan de relance économique 2005-2009, 10 000 unités ont été livrées en 2008 et 2009, ainsi que près de la moitié des 4000 logements sociaux inscrits dans le programme de la wilaya, dont 1500 pour la ville de Sétif. Il s'agit en fait de chiffres considérables qui traduisent le potentiel de réalisation et les capacités d'exécution des programmes dans le domaine de l'habitat à Sétif, mais si l'on se place du côté des acquéreurs et des nécessiteux en matière de logement, l'on est porté de croire que c'est la gestion des dossiers des logements qui est à la source du mécontentement populaire. C'est ainsi que les logements attribués dans le cadre du programme du président de la République grâce au soutien de l'Etat se retrouvent exposés directement au marché de l'immobilier. Le F4, dont le coût officiel est fixé à 160 millions de centimes, est coté au marché parallèle à 400 millions de centimes ; en location, le prix est fixé à plus de 10 000 DA. C'est un cas de spéculation où assistent directement les entrepreneurs, car ce sont eux les premiers gestionnaires des dossiers des acquéreurs. Dans le domaine du logement social, si Sétif a déjà livré 1000 logements cette année et s'attend à procéder à l'attribution d'une tranche de 500 logements d'ici la fin de l'année, presque les mêmes cas de spéculation sont aussi observables. Dès la livraison des quotas de logements ceux-ci sont vite exposés au marché de l'immobilier. Autant dire que ce sont les normes d'attribution qui sont remises en cause. Aussi, le pouvoir occulte de l'affairisme et le diktat des entrepreneurs ont mis au jour des transactions occultes en dehors des contrats établis - ce qui est d'ailleurs signalé par les citoyens - et a ouvert le champ à des mesures de discrimination et d'arbitraire imposées par l'entrepreneur. Si dans certains cas les appartements LSP sont négociés en cash directement avec le maître d'œuvre au moment du dépôt du dossier, la classe des nécessiteux a parfois du mal à s'inscrire dans les programmes de construction. De plus des rallonges financières allant de 200 0000 DA à 400 000 DA sont exigées des acquéreurs en violation avec le contrat établi au préalable. Le phénomène spéculatif ne date pas d'hier et les autorités publiques en sont conscientes mais avouent parfois qu'elles ne sont pas concernées par l'action de lutte contre l'informel dans le domaine de l'immobilier. En sus du logement social qui est détourné de sa vocation loin du contrôle des instances concernées, pour le cas de figure du LSP, c'est toute l'opération d'urgence engagée par l'Etat en direction des couches moyennes qui perdrait de son essence et de son privilège.