Le dossier du nucléaire iranien n'a jamais, depuis son ouverture, au début des années 2000, suscité autant de mobilisation chez les puissances occidentales, conduites par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, avec Israël en sous-main. De sorte que la dernière assemblée générale des Nations unies à New York, qui devait focaliser sur les véritables problèmes qui menacent la majorité de l'humanité, tout comme le sommet économique qui l'avait suivie, à Pittsburgh, ont été dominés par ce dossier cousu de fil blanc. L'Iran est devenu pour un quarteron de pays puissants le mal absolu à éradiquer de cette planète, car ce pays «dangereux» compte se doter de l'arme nucléaire pour «effacer Israël de la carte». Le devenir de l'humanité est pour ces pays lié à l'existence de l'entité sioniste qui dispose, pour faire face à cette menace, de toutes les formes de soutien du monde dit «libre», pour organiser sa défense et garantir sa sécurité menacée par le voisinage. Cette «cause sacrée», qui cache en réalité des intérêts plus terre à terre (approvisionnement sécurisé du pétrole, ventes d'armes, marchés commerciaux divers…), est devenue la principale cause de XXIe siècle foisonnant de menaces plus sérieuses, comme l'aggravation de la pauvreté et de la faim dans le monde, les changements climatiques... La folie de l'entité sioniste n'a pas de limite Pour l'heure, les défenseurs de cette cause sacrée n'ont pas encore imputé à ce qu'ils ont appelé «l'axe du mal» la responsabilité directe de tous les fléaux qui guettent le devenir de l'humanité, mais ils ne tarderont pas à le faire, pressés qu'ils sont d'éliminer toute résistance à leur inique hégémonie. Il a donc fallu que le gendarme du monde sorte cette information «nouvelle» selon laquelle l'Iran construit un nouveau site d'enrichissement de l'uranium au sud du pays, pour que le déchaînement préparé et soigneusement prémédité contre le régime iranien reprenne de plus belle. Préméditée est cette recrudescence d'hostilité du fait que certains jours auparavant, l'Iran, qui tient très au sérieux la menace d'une attaque militaire israélienne contre ses sites nucléaires à usage pacifique et civil, selon les confirmations maintes fois réaffirmées pourtant par l'Agence internationale de l'énergie nucléaire (AIEA), venait juste de tester de nouveaux missiles défensifs. Le monde dit «libre» a vu en la première apparition du missile «Sejil», à deux étages et utilisant du combustible solide, alors qu'une escadrille d'avions de combat Saegheh, de fabrication locale, volait au-dessus du parcours, «une provocation» de plus de l'Iran. Cela a fait dire au Premier ministre israélien, farouche ennemi de l'Iran, qu'il «n'a jamais écarté l'option d'une frappe militaire» contre ce pays sous le couvert que cette entité belliqueuse nommé Israël «ne permettra pas» à ce pays de la rayer de la carte. Sans les multiples mises en garde en secret de ses parrains américains, Israël aurait depuis longtemps attaqué l'Iran, comme il l'avait fait auparavant dans une impunité totale, contre des sites «suspects» en Irak sous Saddam et en Syrie. La folie de l'entité sioniste n'a pas de limite, lui qui n'a pas hésité à faire usage d'armes prohibées contre les populations civiles désarmées et impuissantes de Ghaza sous le regard approbateur de ses soutiens. «Un détail de la récente histoire» Du reste, les crimes de guerre et contre l'humanité d'Israël commis à Ghaza, l'hiver dernier, et consignés dans le rapport des Nations unies, n'ont pas été évoqués à New York. Pour le monde «libre», c'est là «un détail de la récente histoire», d'autant que dans ce rapport équilibriste, même le mouvement Hamas a commis des crimes contre les pauvres civils israéliens, «sans défense», contraints pour échapper aux meurtrières roquettes palestiniennes de vivre pendant deux semaines dans des bunkers. La loi du plus fort est toujours la meilleure, dit le sage. Cette moralité est appliquée à la lettre contre l'Iran, seul pays de la région moyen-orientale à oser résister aux forces du Mal, dont certains pays arabes du voisinage bénissent les intentions hostiles. C'est en effet le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui défie seul ces forces avec des propos que l'immense majorité des pays membres de l'ONU partagent sans oser le dire ouvertement, petits intérêts obligent. «Il n'est plus acceptable qu'une petite minorité domine la politique, l'économie et la culture dans une large partie du monde grâce à ses réseaux sophistiqués, instaure une nouvelle forme d'esclavage et nuise à la réputation d'autres nations, y compris des nations européennes et des Etats-Unis, afin d'atteindre ses objectifs racistes», a ainsi dit Ahmadinejad à l'ONU. Il voit également inacceptable «d'envoyer des troupes à des milliers de kilomètres pour y faire la guerre et répandre le sang, la terreur et l'intimidation». Qui donc ne partageait pas cette vue ? Si le chef de l'Etat iranien parle ainsi, c'est que son pays dispose de moyens pour faire face à toute agression. Du reste, il l'a clamé à la face du monde, lors des essais militaires des nouveaux missiles à la veille de son départ pour New York. «Aucune puissance n'osera développer dans son esprit l'idée d'agresser l'Iran», a-t-il assuré. «Nos forces armées couperont n'importe où dans le monde la main de quiconque voudra tirer une balle en direction de l'Iran avant même qu'il n'appuie sur la gâchette.» Le problème avec les pays dits puissants, c'est de frapper du sceau de la «provocation» tout exercice militaire qui n'est pas organisé sous leur égide ou avec leur participation. Chaque année, Israël, seul ou avec ses alliés au sein de l'Otan, teste, lors de manœuvres militaires, de nouvelles armes avec l'intention d'envoyer des messages clairs aux alentours, sans qu'on n'en l'inquiète. Pour ses parrains, cette entité ne fait que renforcer sa légitime défense contre ses ennemis en cas d'agression. D'ailleurs, Israël a parfaitement le droit de disposer de l'arme nucléaire. C'est la France qui lui avait fourni cette arme dans le secret, et c'est ce même pays qui déploie aujourd'hui le plus d'énergie, parfois avec de grandes maladresses diplomatiques, dans le but d'empêcher l'Iran d'avancer dans la constitution de sa défense. Pour la France, l'Iran cherche à se doter de l'arme nucléaire, et ce pays doit encore subir des sanctions internationales. «Grands amis d'Israël» Avec la Grande-Bretagne, la France de Sarkozy et de Kouchner, de «grands amis d'Israël», se présente comme le grand partisan des sanctions contre l'Iran, alors qu'en douce, ce pays ne voudrait pas se départir de ses intérêts commerciaux dans ce pays. D'ailleurs, le ministre Kouchner connaît très bien ces intérêts, lui qui vient de déclarer à un média britannique sa «nette réticence sur de nouvelles sanctions contre l'Iran qui porteraient sur les livraisons de carburant, si ce pays refusait de suspendre son programme d'enrichissement nucléaire». Kouchner habille en revanche ses intentions purement commerciales sous des dehors humanitaires pour faire passer la pilule. Pour lui, «bloquer les livraisons de carburant toucherait le peuple iranien et principalement les personnes pauvres. C'est un choix, nous devons l'étudier aussi. Mais ce n'est pas du tout mon choix favori», a-t-il dit. Ces propos sont à des années-lumière de ceux de son chef, qui affirmait en décembre 2008, à propos d'Ahmadinejad, qu'il lui était «impossible de serrer la main à quelqu'un qui a osé dire qu'Israël devait être rayé de la carte». C'est ce même Sarkozy, plein de suffisance et d'arrogance, qui s'immisce dans les affaires d'autrui. «Je voudrais dire combien nous sommes admiratifs du courage du peuple iranien. Je veux redire qu'il mérite mieux que les dirigeants actuels», a-t-il dit l'été dernier, au moment où les manifestations d'opposants au président iranien réélu battaient leur plein, encouragés par la France et d'autres pays occidentaux. L'Iran est donc sommé de se plier aux injonctions des puissants, et la réunion d'aujourd'hui, jeudi, à Genève, avec le groupe des 6 sur son dossier nucléaire est très attendue. Il faut dire que l'issue de cette réunion est déjà connue : l'Iran ne va jamais renoncer à son programme nucléaire à usage civil. Les arrière-pensées des Occidentaux ont été une nouvelle fois dévoilées avec cette annonce par Obama de la découverte du site de Qom. Pourtant, l'Iran avait informé l'AIEA de la construction de ce site 18 mois auparavant. Le règlement de cette agence, qui est un «agent de renseignements» créé par les puissants à leur service, dispose que tout pays membre doit l'informer au moins 180 jours de tout programme nucléaire qu'il compterait lancer. Que vise-t-on donc avec la relance d'une question ancienne ? Est-ce l'embrasement de la région ? En tout cas, cette option ne dérangerait aucunement l'entité sioniste, qui a préparé, pour les prochains jours avec son parrain américain, des exercices militaires «communs», qualifiés de «plus grands» du genre pour «tester trois systèmes de défense de missiles balistiques». De quels missiles balistiques s'agit-il ?