Rio de Janeiro a été choisie pour accueillir les Jeux olympiques de 2016. L'événement, s'il est acquis que c'en est un, aurait quand même pu être banal s'il était possible de le contenir dans la succession, tous les quatre ans, des grandes villes du monde à l'organisation de la plus grande et la plus prestigieuse manifestation sportive à l'échelle de la planète. Mais voilà, il se trouve que le verdict des délégués du CIO, en plus du fait qu'il nous a habitués à ce que les choses, dans le cas précis, ne sont jamais entendues d'avance, nous rappelle à chaque échéance qu'il reste encore dans ce monde suffisamment d'humanité, y compris dans les espaces qu'on peut imaginer, avec une certaine légitimité en plus, irrémédiablement acquis aux plus forts. C'est peut-être le confort de ces certitudes qui a fait d'ailleurs qu'on n'a jamais vraiment pu comprendre comment une ville comme Paris a essuyé autant de revers, comment Athènes a pu être préférée à Tokyo ou pourquoi Rio de Janeiro et Madrid avaient laissé Chicago dans le rétroviseur avant que le choix définitif ne se porte sur le pays de Lula. Ce dernier, en président atypique, s'est déplacé personnellement pour vendre l'image d'une métropole qu'il veut définitivement arracher aux clichés du gigantisme fêtard dans la misère de ses favelas et le crime urbain dans ses rues impitoyables. Auréolé du nouveau statut de son pays désormais pays émergent, il sait pourtant que ce n'est pas suffisant. Pas pour organiser les Jeux olympiques mais pour placer son pays dans la continuité d'une trajectoire déjà assez nettement esquissée. A côté de la samba, du carnaval et des plages en folie, Rio inspire maintenant autre chose que la pauvreté et l'assassinat d'enfants de rue. Et puisqu'il faut bien des images de substitution pour conjurer les vieux démons, le sport en est une, à portée de main d'un monde toujours avide de références légendaires. Pelé était là, à Copenhague, pour rappeler que le ventre de son pays était en perpétuelle grossesse de beauté. Alors, il a dit au monde, à la suite de Lula, que le Brésil attendait la terre parce que les brésiliens, dans une extraordinaire communion, espéraient de ce rendez-vous et ce qu'ils pouvaient lui imprégner comme générosité. Quelques heures avant le verdict, Lula avait lancé à l'adresse des délégués du CIO : «La ville est prête, donnez-nous cette chance.» Ils la lui ont donnée, cette chance. Alors que la délégation brésilienne se congratulait dans cette salle de Copenhague, explosait Copacabana, sonnant la mesure de ce que le monde des sports a comme chance de se retrouver à Rio. Parce que Rio est peut-être une chance tout court. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir