La violence est au menu de cette nouvelle rentrée universitaire. Après la violence entre étudiants, entre enseignants et étudiants, après le harcèlement sexuel en milieu estudiantin, l'accent devra être mis sur la violence entre étudiants et agents de sécurité. La raison réside tout simplement dans le fait que ce phénomène est le plus récent et le moins fréquent. Il n'en demeure pas moins que des actes de violence ont été commis il y a deux jours par des agents de sécurité à l'université M'hamed Bouguerra de Boumerdès (UMBB), où des étudiants ont manifesté pour «maintenir» la mixité par le transfert des étudiantes de la résidence universitaire de l'ex-INH de Boumerdès vers celle de Ziani Lounès, de sorte à séparer les filles des garçons. D'après les dires des étudiants, les agents en question se sont montrés très désagréables au début, insultant et traitant les étudiants de tous les noms, plus particulièrement les filles. C'est par la suite que les choses ont dégénéré. Les agents de sécurité ont pris à partie certains étudiants au moyen de barres de fer, à tel point que certains ont dû être hospitalisés. La violence dans les universités a apparemment pris une autre tournure. Il y a de quoi s'alarmer quand on sait que des individus censés assurer la sécurité sont les premiers à attaquer ceux qu'ils sont censés protéger. Malgré cela, certaines associations estudiantines ne s'alarment pas outre mesure face à cette situation. C'est le cas de l'Union nationale des étudiants algériens (Unea). Le secrétaire général de cette union, Ibrahim Boulgane, a estimé, en effet, qu'il ne faut pas rejeter tous les torts sur les agents de sécurité. Il est vrai, selon lui, que l'on assiste à des dépassements et que nombre d'agents abusent de leur position en harcelant des étudiants. «Mais il ne faut en aucun cas dire que les agents sont plus violents que les autres», a-t-il souligné, précisant que la violence vient des deux côtés : étudiants et agents. On devrait plutôt reprocher à l'administration de laisser les choses s'envenimer. Si cette histoire de mixité a dégénéré à l'université de Boumerdès, d'après notre interlocuteur, c'est parce l'administration n'a pas su gérer les évènements. Elle aurait dû au moins préparer «ce changement» sur le long terme, en laissant les anciens étudiants profiter de leur ancienne chambre (parce qu'ils s'y sont habitués) et appliquer le nouveau concept sur les nouveaux, de sorte à démanteler la mixité graduellement et d'une manière moins bru- tale, même si cela devait prendre deux ou trois ans, et «quand bien même cette histoire de revendication de la mixité n'est pas très sensée», dira notre secrétaire général, précisant que l'étudiant n'est pas censé choisir dans quelle cité il résidera. L'étudiant habitant loin de son lieu d'études a le droit de revendiquer une chambre universitaire sans préciser l'endroit où il souhaite résider, a-t-il ajouté. Que prévoient les associations pour lutter contre la violence ? Un projet de charte universitaire sera concrétisé dans les prochains jours, selon le secrétaire général de l'Unea. Il s'agit d'une demande qui remonte à une année, pendant laquelle quatre réunions ont donné naissance à un avant-projet de loi, d'après la même source. «Cette charte éviterait, on l'espère, grâce à un texte de loi, le genre d'incident qui s'est produit l'année dernière à Mascara, où un étudiant a poignardé son professeur», a-t-il cité comme exemple. En attendant son application qui se fera, en principe, cette année universitaire 2009- 2010, les associations auront recours aux mouvements de sensibilisation dans les campus, en organisant des conférences et des réunions portant sur le thème de la violence dans les universités.