Depuis sa promulgation en janvier 1988, la loi régissant la prévention, la sécurité et la médecine du travail n'est pas appliquée dans le secteur de l'éducation nationale. Vingt et un ans plus tard, les syndicats reviennent à la charge. La médecine du travail, qui a pour mission, entre autres, de préserver et de consolider la bonne santé physique et morale des travailleurs en assurant notamment des visites médicales systématiques et périodiques, avec un bilan médical complet, demeure une des revendications principales des syndicats de l'éducation. Une étude sur les maladies professionnelles effectuée en 2008 par le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) montre que 50% des enseignants décèdent avant leur départ à la retraite. Et pour cause, la majorité des enseignants sont sujets à des maladies cardiaques conséquentes à leur charge de travail et au stress. «Après 20 ans de service, beaucoup d'enseignants développent des maladies cardiovasculaires ou sont atteints de dépression», affirme le chargé de la communication du CLA, Idir Achour. Ces maladies, souligne M. Idir, nécessitent une prise en charge de la part de l'employeur, ce qui ne se fait pas actuellement. La solution, explique notre interlocuteur, ne réside pas uniquement dans la prise en charge des maladies professionnelles. «La retraite après 25 ans de service est devenue une urgence», déclare notre source. Concernant les enseignants atteints de maladies professionnelles, le responsable du CLA revendique la création de postes aménagés. «Un enseignant atteint d'une dépression ne peut pas assurer des cours, mais peut travailler dans l'administration», indique M. Idir, en proposant l'intégration de la médecine du travail dans le régime indemnitaire et la retraite. Le secrétaire général du Conseil national des professeurs de l'enseignement supérieur et technique (Cnapest), Nouar Larbi, dénonce la non-application de la loi qui impose à l'employeur de prendre en charge les examens périodiques et le bilan de santé du travailleur de l'éducation. L'employeur, en violation de la loi, ajoute notre interlocuteur, refuse de se plier aux décisions issues des résultats de la médecine du travail concernant les postes aménagés. «L'employeur et la Cnas refusent d'abdiquer devant l'avis du médecin du travail et sa décision concernant les postes aménagés», déplore M. Larbi. Pour étayer son propos, le premier responsable du Cnapest cite plusieurs exemples, à l'instar de cet enseignant qui a perdu ses cordes vocales mais de qui on exige d'assurer des cours. A Bordj Bou Arréridj, un autre enseignant du lycée, qui a eu les membres supérieurs paralysés lors d'un accident de la circulation, continue d'enseigner. «Ce sont les élèves qui écrivent au tableau puisque l'enseignant est incapable de le faire», affirme M. Larbi. Une autre disposition prévue par la loi mais qui n'est pas appliquée : l'ouverture de centres de médecine du travail (CMT) dans toute entreprise employant plus de 800 travailleurs. «Vu leur nombre, l'Etat doit ouvrir un CMT dans chaque commune pour les enseignants», ajoute le syndicaliste du Cnapest.