Bien qu'un impressionnant dispositif sécuritaire ait été mis en place pour empêcher tout attroupement, le rassemblement des cadres syndicaux auquel a appelé l'intersyndicale autonome de la Fonction publique a eu lieu hier, avant d'être dispersé par les policiers. Des dizaines de syndicalistes s'étaient rassemblés sur la place principale d'El Mouradia, en contrebas du siège du ministère de l'Education nationale, scandant des slogans hostiles à Benbouzid et brandissant des pancartes sur lesquelles sont consignées les principales revendications des travailleurs du secteur. La grève à laquelle ils ont aussi appelée «a été suivie massivement», selon leurs estimations. «Non à la précarisation de l'école publique», «Pour un statut qui ne dévalorise pas le métier d'enseignant», «Non à la dépermanisation», «Y en a marre des contrats, l'intégration est ce qu'on demande», «Augmentation du point indiciaire et abrogation de l'article 87 bis» sont entre autres les principales revendications inscrites sur les pancartes brandies par les dizaines de syndicalistes du Satef, du Snapap, du Cla, du Cnapest et du Cnes qui se sont rassemblés sur la place principale d'El Mouradia. Les policiers présents en nombre ont d'abord laissé faire pendant quelques minutes avant d'intervenir pour disperser les manifestants. Ces derniers, qui commençaient entre temps à scander des slogans hostiles à Benbouzid, tels «Y en a marre, Benbouzid haggar», «Monsieur le ministre, le tablier n'est pas une réforme», se sont vu arracher les pancartes par les policiers qui les priaient de quitter les lieux. Nullement perturbés, ils criaient encore fort les slogans pendant que les principaux animateurs syndicaux s'expliquaient devant les représentants de la presse et promettaient de durcir le ton. «Ce rassemblement n'est qu'un prélude à une série d'autres actions qui vont être radicales», avertit d'emblée Mohamed Salem Sadali du Satef. «La base veut une grève illimitée», confie-t-il, avant de préciser que le rapport de force ne se décide pas dans les couloirs du ministère, allusion faite à certains syndicats appelés au dialogue «parce que le ministère a constaté l'échec de la rentrée». «Si dialogue il y a, il faut qu'il soit axé sur la réforme globale de l'école», dit-il, attirant l'attention sur les dangers de «l'orientation idéologique de l'école, dont les programmes scolaires risquent de provoquer une autre décennie noire». Abondant dans le même sens, M. Boudiba du Cnapest, qui a tenu à être présent malgré les activités de son syndicat, affairé à organiser ses conseils de wilaya, dira : «Nous tenons à marquer notre présence et alerter l'opinion publique sur la situation de l'école algérienne». «C'est une catastrophe», tonne de son côté Achour Idir du CLA. L'appel est aussi, précise Boudiba, «en direction du président de la République qui doit donner l'importance qu'il faut au secteur». Suivi massif de la grève, selon les syndicalistes Interrogé sur le taux de suivi de la grève, il affirme sans sourciller que «c'est une paralysie totale, notamment à Constantine, à Annaba, à Tlemcen ou encore à Adrar. Du moins en ce qui concerne les lycées. 20 lycées sur 45 ont également débrayé à Oran». «A Bouira, à Béjaïa et à Skikda, les collèges et les écoles primaires ont suivi aussi», précise-t-il. «C'est un tsunami qui a frappé les lycées d'Algérie», explique M. Idir, alors que Sadali parle de «suivi massif». «Nous tiendrons des réunions pour évaluer le taux de suivi à l'échelle nationale», confirment-ils. A mesure que le temps passe, les policiers s'impatientent et menacent d'interventions musclées, alors que les syndicalistes tiennent à afficher leur mécontentement devant des citoyens «curieux» qui commençaient à rejoindre le lieu du rassemblement. La circulation commençait également à être sérieusement perturbée. Poussés par les policiers, les syndicalistes ont marché en groupe tout en scandant les mêmes slogans avant de quitter les lieux vers 13h. Nous reviendrons, promettent-ils.