Sept enseignants ont été interpellés lors du rassemblement devant le Palais du gouvernement. Les syndicalistes dénoncent ce comportement qualifié d' “irresponsable”. Les fonctionnaires qui espéraient, à travers leur action d'hier, que le gouvernement, lâcherait du lest ont vite déchanté. Les contestataires ont subi la foudre des éléments de la Sûreté nationale, lors de leur tentative de sit-in devant le Palais du gouvernement. Un important dispositif de sécurité, bouclier à la main prêt à intervenir, est placé aux alentours des ruelles menant vers le Palais du gouvernement, à Alger-Centre. Il est 10h30, une marée humaine dont certains venus d'autres wilayas, dont la majorité représente le secteur de l'éducation nationale, ont tenté de franchir le dispositif sécuritaire pour accéder au lieu du rassemblement afin de convaincre l'Exécutif d'ouvrir le dialogue avec les syndicats autonomes. Les fonctionnaires ont été bousculés, malmenés puis empêchés d'accéder à la chefferie du gouvernement. Ils ont été bloqués au niveau de la Grande-Poste, où ils ont tenu leur sit-in qui a duré près de 30 minutes avant d'être dispersés par la brigade anti-émeutes. Sept enseignants parmi les grévistes ont été interpellés puis relâchés quelques heures après. “Le gouvernement a utilisé tous les moyens, notamment musclés pour résoudre le problème des fonctionnaires, à l'exception de la négociation qui est pourtant l'unique clé pour le règlement de tous les conflits des travailleurs algériens”, s'indigne Lamdani, responsable de l'information au Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique. Percutant, notre interlocuteur a rappelé que les fonctionnaires ne font pas grève par gaieté de cœur, ni pour l'exhibition, mais plutôt pour faire pression et rendre visible leur mécontentement social. “Nous sommes indignés par le comportement irresponsable du gouvernement qui fait la sourde oreille devant le marasme des travailleurs de la Fonction publique. Négocier avec les syndicats autonomes est le seul moyen d'aller vers une issue de secours avant d'arriver au pire comme cela s'est fait récemment dans certain pays”, déclare un médecin fonctionnaire. On retrouve ce discours prônant l'ouverture de dialogue avec le gouvernement sur toutes les lèvres des syndicalistes qui ont appelé à la grève. Les professeurs, docents et maître-assistants des sciences médicales, ont décidé eux aussi, lors de leur rassemblement qui s'est tenu hier dans l'enceinte de l'hôpital Mustapha-Pacha, de hausser le ton et d'aller vers un durcissement du mouvement en concertation avec la coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique. À main levée, ils ont voté pour le boycott global des travaux scientifiques et toutes collaborations avec le ministère de la Santé. “Il faut négocier avec les syndicats autonomes et ouvrir le débat sur le point indiciaire. Les fonctionnaires s'apercevront rapidement que leur fiche de paie a été gonflée et ne représente pas les valeurs promises par le gouvernement notamment le diplôme et le nombre d'années d'études”, a souligné M. Djidjik, responsable du syndicat autonome des maîtres- assistants des sciences médicales. Vers la tenue d'assises des syndicats autonomes Il est clair que les intimidations n'ont fait qu'attiser le mécontentement de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique qui revendique plus que jamais la concrétisation de leurs doléances et dénonce le “mutisme” ainsi que la répression du sit-in devant le Palais du gouvernement. “Le Chef du gouvernement refuse de nous écouter et persiste dans sa politique du niet et de l'indifférence à l'égard des fonctionnaires. Notre mouvement s'inscrit dans la duré et dans la lutte syndicale notamment le droit de protester et de participer au dialogue social”, a déclaré M. Merabet, porte-parole da la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique. Il a estimé que leur revendication ne se résume pas à l'augmentation de salaire mais également à faire valoriser leur droit syndical qui est protégé par la Constitution. À cet effet, il a annoncé que les syndicats autonomes envisagent d'aller vers des assises afin de débattre des droits et la possibilité de la création d'un espace syndical en incluant les travailleurs du secteur économique afin de contrer la Centrale syndicale. “Nos revendications ne se résument pas aux problèmes pécuniaires, certe c'est un élément fédérateur mais le plus important est le combat syndical et de s'imposer comme partenaire social”, a-t-il souligné. Il faut noter qu'une délégation de la coordination s'est déplacée avant- hier au Palais du gouvernement pour demander audience au Chef du gouvernement afin de lui remettre leur plateforme revendicative et lui faire part de leurs problèmes ayant trait à la situation sociale marquée par l'inflation et l'exclusion des syndicats autonomes dans les négociations. Ces derniers se sont vus dans l'obligation de déposer leur missive au niveau du bureau d'ordre, tout en espérant avoir une réponse dans les meilleurs délais. Nabila Afroun