L'Occident, ou plus exactement les pays de l'Alliance atlantique, ne sait plus où donner de la tête en matière de sécurité. L'invasion de l'Irak, opération à laquelle l'ex- président Bush avait réussi à rallier, quand même, pas mal d'alliés pour, officiellement, décourager les tensions nucléaires à des fins militaires du régime déchu de Saddam Hussein, n'a abouti qu'à l'ouverture d'un nouveau foyer de tension dont la planète n'avait, nullement, besoin. L'Irak La violence en Irak ne fait que commencer que les troupes américaines s'en aillent ou restent sur place. Les pays de l'Otan impliqués dans l'invasion d'Irak, à leur tête les Etats-Unis, n'ont pas d'autre choix que de se retirer par souci, non de la stabilité de l'Irak, mais pour économiser au maximum la vie de leurs soldats pour un «meilleur usage» en Afghanistan. Peu importe, à présent, que les attentats se poursuivent dans ce pays arabe où ils n'ont pas trouvé de trace d'uranium enrichi, avec une moyenne de 80 à 100 morts par semaine, tous des Irakiens. Or, avec plus de soldats de 40 pays alliés, la situation n'est pas meilleure pour les armées de l'Otan engagées dans la lutte contre les Talibans. 8 soldats américains tués au cours du dernier attentat sont venus rallonger la liste des pertes en vies humaines. La guerre dans ce pays asiatique donne l'impression de n'avoir pas encore réellement commencé. Les forces alliées n'ont pas encore défini leur véritable stratégie en Afghanistan – en ont-ils une d'ailleurs – ni arrêté les objectifs qu'elles recherchent depuis que Bush avait cru en finir avec le régime commanditaire des attentats du 11 septembre. L'organisation d'élections «démocratiques» dans un pays en guerre où la notion d'Etat et de peuple a disparu est sans doute la plus ridicule des recettes proposées par l'Occident pour stabiliser le pays. Avec ou sans Hamid Karzaï, le pays demeurera la terre de personne et de tout le monde où le trafic d'armes, de drogue et la violence tribales demeureront les seules constantes nationales. Les talibans Les armées occidentales, peu motivées, comme en Irak, sur des objectifs atlantiques en Afghanistan qui n'existent pas réellement, doivent combattre un ennemi auquel les Etats-Unis ont donné – toujours comme en Irak – les raisons du «djihad». En Afghanistan la «guerre d´usure" n'est plus à l'initiative des forces alliées. Cette guerre dont on ignore, pour le moment, l'issue, laisse planer une certitude. Comme au Vietnam et au Cambodge, dans les années 1970, elle menace de s'engager dans un bourbier avant que l'Alliance atlantique ne se rende compte qu'il s'agit d'une guerre qui ne se terminera pas. L'Otan aura un choix à faire, celui que les Etats-Unis ont fait dans le Sud-Est asiatique : lever le drapeau blanc. Ce sera, peut-être, trop pour se dire : «Ah, si c´était à refaire.» La complexité du problème afghan vient du fait que le terrorisme international, un phénomène comparable par certains aspects au cancer en phase de métastase, n´a pas été pris au sérieux à ses débuts. Lorsque l'Algérie l'affrontait, seule, et parfois contre la complicité de biens des gouvernements occidentaux qui avaient avalisé la thèse du «qui tue qui», à cette époque, les foyers du terrorisme pouvaient être éteints grâce à un minimum de coopération des pays occidentaux avec les pays qui affrontaient ce fléau. L'Occident n'a pris conscience de la dimension du danger que lorsque sa sécurité a été directement ciblée. La piraterie Les pays de l'Otan viennent de prendre conscience d'un autre phénomène qui est loin d'être nouveau. La piraterie, un autre fléau qui tend à faire jonction dans la Corne de l'Afrique avec le terrorisme. Comme en Afghanistan, la Somalie est en train de devenir la terre de personne et de tout le monde, après avoir connu la famine, un peu dans l'indifférence des pays riches, l'instabilité, un peu sous-estimée à ses débuts par l'Otan jusqu'à la prise d'otages de ressortissants des pays alliés. Là, le danger devient réel. Dans cette zone maritime par où transite 40% des mouvements commerciaux des pays industrialisés. La priorité n'est plus, pour le moment, au réchauffement climatique. L'Espagne qui a beaucoup rechigné avant de s'impliquer, cette année aux côtés de la force européenne commune pour la Somalie, mobilise sa diplomatie pour lancer un appel à la tenue d'une conférence internationale sur la piraterie qui se tiendra sous la présidence espagnole, à partir du 1 janvier 2010. Dans une déclaration à la radio Cadena Ser, lundi matin, le Ministre des Affaires étrangères M. Moratinos estime que «le problème de la piraterie s´aggrave à cause de la situation interne difficile en Somalie». Sa déclaration est faite quelques heures après qu'une frégate de la marine de guerre espagnole eut capturé deux pirates durant l'assaut contre le thonier basque Alakrama. Personne ne peut reprocher aux Espagnols de montrer tant de témérité pour protéger leurs navires marchands en haute mer, loin de la Méditerranée. Il y a des questions à se poser, toutefois, sur les objectifs réels de l'Occident, exprimés à travers l'appel du chef de la diplomatie espagnole à «mobiliser la communauté internationale sur ‘aide à apporter aux forces de sécurité somaliennes pour qu´elles puissent elles-mêmes assurer le contrôle de leur pays et neutraliser les actes de piraterie, évitant ainsi à la Somalie de devenir un nouvel Etat taliban, pratiquement ingouvernable».