Le bureau national du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) se réunira aujourd'hui pour arrêter la date de la réunion, en session extraordinaire, de son conseil national. Le caractère extraordinaire de la rencontre est motivé par la dernière décision du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, relative au non-paiement avec effet rétroactif du régime indemnitaire. La rentrée universitaire risque d'être compromise. Et pour cause, le Premier ministre a pris deux décisions allant à l'encontre des «intérêts» des enseignants. La première, prise le 20 juillet, concerne l'annulation du décret relatif à la cessation des logements au profit des enseignants. Il s'agit, selon le premier responsable du Cnes, Malek Rahmani, que nous avons contacté hier, de l'abrogation du décret 06-208 du 13 juin 2006 fixant les modalités de transfert du droit au bail des logements à caractère social. Au moment où ils s'apprêtent à rencontrer le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Rachid Harraoubia, à l'occasion de la rentrée universitaire, les membres du Cnes sont «assommés» par une autre mesure prise par le Premier ministre. En effet, dans une instruction du 30 septembre, Ahmed Ouyahia a décidé du paiement sans effet rétroactif du régime indemnitaire. Une mesure qualifiée d'antisociale par le syndicat des enseignants du supérieur. Pis, M. Rahmani accuse le Premier ministre d'avoir violé le décret présidentiel de décembre 2007 relatif à la nouvelle grille des salaires. Dans son article 22, le décret stipule que le paiement du régime indemnitaire se fera avec effet rétroactif. «Avec les deux mesures, le gouvernement remet en cause tous les acquis sociaux des enseignants», dénonce M. Rahmani qui promet de mener des actions d'envergure afin de ramener le gouvernement à reculer. «Ce n'est pas de notre faute si l'élaboration du régime indemnitaire n'est pas encore finalisée», précise notre interlocuteur. «Par contre, nous savons une chose : une fois les nouveaux barèmes définis, le versement des différentes indemnités doit se faire avec effet rétroactif et ce, à compter de janvier 2008, date d'entrée en vigueur de la nouvelle grille des salaires», explique le premier responsable du Cnes. Et de s'interroger : «Nous ne comprenons pas quel est l'objectif recherché par le gouvernement en prenant ces mesures ?» En réponse à son interrogation, M. Rahmani soupçonne une intention de pousser les enseignants à sortir dans la rue. Par ailleurs, le secrétaire général du Cnes affirme que les dernières mesures compromettent la prochaine réunion avec le ministre prévue au lendemain de la rentrée solennelle qu'inaugurera le président de la République. Affirmant que la réunion avec le ministre de tutelle ne servira à rien, M. Rahmani promet de mener des actions pour arracher les droits des enseignants. Enfin, le conseil national se réunira probablement samedi prochain pour trancher sur la nature des actions de protestation à mener.