La santé scolaire a de tout temps constitué un souci majeur pour les pouvoirs publics. Sa mise en place a été longue à se dessiner car la priorité a été d'abord accordée à la prise en charge des immenses besoins de santé exprimés par la population. Depuis les dix dernières années, la santé scolaire connaît un véritable essor mais pas dans toutes les régions. D'emblée, il faut savoir que la santé scolaire est une mission qui relève des prérogatives du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Elle est mise en œuvre par la sous-direction de la prévention en milieu éducatif qui a pour rôle d'animer, contrôler et évaluer les activités de prévention en milieu scolaire et universitaire et dans les centres de formation professionnelle. Sur le terrain, des unités de dépistage scolaire (UDS), installées dans des établissements scolaires, s'occupent, comme leur nom l'indique, du dépistage des maladies en milieu scolaire, de la prise en charge des élèves en matière de soins médicaux et bucco-dentaires, de suivi psychologique et d'éducation sanitaire. Ces unités, qui ont compétence territoriale, peuvent chapeauter plusieurs établissements de formation à la fois. Leur personnel est constitué de médecins, chirurgiens-dentistes et psychologues, appuyés par un personnel paramédical relevant de la responsabilité directe de l'établissement hospitalier de proximité. Disparités régionales Théoriquement, la norme est d'un praticien de santé publique pour 2000 élèves. Cette proportion est difficile à atteindre dans les régions qui font face à une «pénurie» de personnel médical et paramédical et où les établissements publics de santé de proximité peinent à assurer les soins de base aux populations. Ceci, sans compter la faiblesse des dotations budgétaires nécessaires à leur fonctionnement. Outre le personnel qualifié, les UDS exigent un matériel parfois assez coûteux (fauteuils dentaires, appareillage médical moderne, consommables…) et dont l'acquisition est à la charge du ministère de l'Education nationale. En fait, la performance des UDS dépend en partie des capacités et des moyens de l'établissement hospitalier de proximité et d'une volonté devant animer les responsables de la santé et de l'éducation. Des instructions ont été adressées à maintes reprises aux structures de base des deux ministères ainsi qu'aux collectivités locales pour une meilleure coordination des actions de santé scolaire, en particulier lorsqu'il s'agit de prendre en charge des pathologies dépassant les compétences locales. Déjà, en 1989 à Béjaïa, puis en 1991 à Sidi Fredj, les responsables de la santé scolaire avaient préconisé l'organisation de circuits de prise en charge de maladies nécessitant le recours aux services spécialisés de médecine (cardiologie, ophtalmologie, ORL) et la mise en place de mécanismes pour le suivi des élèves présentant des pathologies lourdes. Cette recommandation a été réitérée lors des assises de la santé scolaire tenues en juillet 2002 et consignée dans l'instruction interministérielle Santé-Education du 27 octobre 2002 qui insiste, notamment, sur la coordination des actions, le traitement de l'information sanitaire, l'organisation de la formation continue des personnels, la prise en charge psychologique et, surtout, l'implication des enseignants et directeurs d'établissements dans la détection précoce de troubles de santé chez les élèves. Il est même spécifié que les parents soient aussi associés à l'effort des UDS dans leur délicate mission. Une mission de sensibilisation Au niveau des écoles, collèges et lycées, le système de prise en charge sanitaire est en principe bien rôdé. A leur inscription dans les établissements, les parents doivent signaler sur la fiche de renseignements les pathologies dont souffre leur enfant, et ce, pour qu'enseignants et responsables de l'administration sachent la conduite à tenir devant les cas urgents. Et éviter autant que possible la survenue d'accidents pouvant mettre en jeu le diagnostic vital d'un enfant dans l'enceinte de son établissement. Les décès en classe d'élèves cardiaques, asthmatiques ou diabétiques, s'ils ne sont pas légion, sont suffisamment traumatisants pour le reste des élèves qu'ils impliquent, nécessairement, une surveillance particulière de la population scolaire présentant des pathologies à risque. Raison qui oblige les UDS à rester fonctionnelles même durant les vacances scolaires pour la prise en charge de ces pathologies mais aussi et surtout pour engager des campagnes de sensibilisation sur d'autres problèmes de santé dont le tabagisme et la consommation de stupéfiants ne sont pas des moindres.