Il y a des citoyens qui se battent à coups de poing, de pied, de tête, de barre de fer, de gourdin. Celui de Boufarik s'est emparé d'un manche à balai ! Les dégâts physiques et mentaux sont considérables. La victime crie et demande réparation. Seul l'avocat a pris comme bouclier l'excuse de provocation prévue par la loi et a tenté le tout pour le tout. Les coups et blessures se multiplient durant cet automne. Le client de maître Houcine Haoua a reconnu devant Imen Boudmagh, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Boufarik (cour de Blida), d'avoir agressé Amine à coups de manche à balai. - «Pourqoi donc ?» demande à haute voix la juge. - «Il m'a manqué de respect, il m'a insulté», répond, sans gêne, le détenu qui aura le déplaisir d'entendre la version de la victime qui a évoqué la hogra et des coups sur la bouche, puis tout le corps. Et ici les termes de l'article 264 des violences verbales, issu de la loi n°06-23 du 20 décembre 2006, prévoient une peine de prison ferme d'un an à cinq ans et, d'une amende de cent mille à cinq cent mille dianrs, dans le cas d'une présentation par la victime d'un certificat d'arrêt de travail de plus de quinze jours, la preuve des coups, des blessures occassionées. Djamila Benkhettou, la procureure, demande une peine de prison ferme de six mois en recommandant à l'inculpé que les coups auraient pu atterrir sur la tête et occasionner de sérieux traumatismes. «Et vous ne vous êtes même pas arrêté de donner des coups sur le corps. La bouche de la victime a aussi eu sa part. Ce n'est pas gentil de n'être pas quelqu'un de nerveux qui ne se retient pas.» Maître Haoua va prendre à cœur la défense en avançant la provocation de la victime qui était au volant et avait pris le risque de traverser une grosse flaque d'eau. Les éclaboussures ont vite été suivies d'insultes réciproques : «Voyant rouge, mon client, qui avait sous les yeux un manche à balai, le prit pour se venger de ce qu'il avait enduré durant ces quelques minutes», a articulé l'avocat qui a aussi demandé «l'indulgence et un verdict éducatif, juste de quoi lui pincer les phalanges au coupable des coups, histoire de lui prouver que le tribunal n'est pas une machine infernale distributrice de peines». La présidente hoche la tête, un signe difficilement «lisible» dans ces conditions. Elle prend acte du dernier mot du détenu qui eu des remords : «Madame la présidente, je suis franchement désolé de m'être armé d'un manche à balai, alors que mes poings pouvaient aisément faire la différence.» Un petit sursis va mettre tout ce beau monte OK. Et de finir sur le sourire de l'avocat maître Haoua.