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Chronique de la tragédie d'un peuple
Ismaïl Kadaré
Publié dans Le Temps d'Algérie le 12 - 10 - 2009

Une ville bizarre, terriblement penchée. Si l'on glisse sur le côté d'une rue, on risque de se retrouver sur un toit. Si l'on étend le bras, on peut accrocher son chapeau à la pointe d'un minaret. Sous sa dure carapace de pierre se cache pourtant la chair tendre de la vie. Il s'agit d'une ville albanaise au milieu du vingtième siècle.
C'est ce pays, l'Albanie, qui connaît actuellement une profonde crise. Il s'agit aussi d'Ismaïl Kadaré, ce grand écrivain qui a été sélectionné en 1998 pour le prix Nobel. Cet écrivain porte dans son cœur et dans ses romans sa ville, Gjirokaster, ville du sud de l'Albanie, occupée à plusieurs reprises par les Italiens, les Grecs et les Allemands pour être finalement libérée par les partisans albanais.
«Prépare-toi à une attaque aérienne. Construis-toi un abri pour te protéger, toi et les tiens, contre les bombes anglaises. Garde près de toi de grands récipients remplis d'eau et des sacs pleins de sable. Munis-toi d'une hache, d'une pelle et d'un levier pour combattre le feu.» C'est le roman Chronique de la ville de pierres de Kadaré.
Les journées étaient froides, inconsistantes.
Ville étrange, tel un être préhistorique. Elle paraissait avoir surgi brusquement dans la vallée par une nuit d'hiver. Tout dans cette ville était ancien et de pierre, depuis les rues et les fontaines jusqu'aux toits des grandes maisons séculaires, couverts de plaques de pierres grises, semblables à de gigantesques écailles.
Dans la ville erraient les détenus sortis de prison, quelques montagnards douteux, quelques visages jamais vus. Tout était fuyant, confus. Les places, les ruelles, les secrets.
La méfiance des portes était manifeste. Les journées étaient froides, inconsistantes. Seules les cheminées vivaient intensément.
Dans cette chronique dramatique, il s'agit surtout de guerre, de colonisation, de misère et de nostalgie. «La ville, lasse et morose, avait changé plusieurs fois de mains. Italiens et Grecs y alternaient. Sous l'indifférence générale, on changeait de drapeau et de monnaie.»
Dans Les tambours de la pluie, l'auteur relate les premières expéditions de l'armée ottomane et le conflit albano-soviétique de 1960, lorsque l'Albanie, le plus petit pays du camp de l'ex-URSS, fut l'objet d'un farouche blocus économique et politique de la part de la superpuissance soviétique et de tous les pays du pacte de Varsovie.
Elle fit front, victorieusement, aux chantages et aux blocus, et sans doute, le souvenir de la révolte de Skanderbeg ne fut-il pas sans avoir sa part dans cette ferme attitude.
Les pays signataires du pacte de Varsovie n'osèrent pas assaillir l'Albanie. La tragédie eut lieu en Tchécoslovaquie… l'histoire en quelque sorte se répète. «Quelque part au cœur du camp, battaient les tambours de la pluie. Les soldats recouvraient les équipements.
Leur camp, avec les milliers de taches qu'y forment les tentes, avec ses étendards, ses enseignes et ses emblèmes métalliques, paraît étrangement lugubre en cette matinée d'automne. La voilà donc la plus grande armée de notre temps (….).
Ceux qui vivront plus tard sur ce sol comprendront qu'il ne nous a pas été facile de nous dresser pour une lutte gigantesque contre le monstre le plus redoutable de notre époque.» Roman historique de la tragédie d'un peuple. Des remparts ensanglantés que des dizaines de milliers d'hommes tentent, malgré tout, d'escalader.
Elle rappelle à plus forte raison l'Albanie moderne des années 1960
Un commandant en chef, dont le sort est dramatiquement lié à la prise de ces murs : une angoisse constante, sous un soleil torride. Les événements se déroulent au XVe siècle.
La place assiégée est une citadelle médiévale albanaise. Elle évoque parfois. Troie, avec ce cheval assoiffé, vivant cette fois, qui tournoie autour d'elle. Et elle rappelle à plus forte raison l'Albanie moderne des années 1960, que les pays socialistes soumirent à un blocus implacable.
Ismaïl Kadaré est sans doute l'un des écrivains albanais les plus célèbres. Né à l'aube de la Seconde Guerre mondiale. Lecteur d'Eschyle et de Shakespeare, il puise chez eux l'inspiration pour parler de la tyrannie et du totalitarisme.
Etudiant en lettres à Tirana puis à Moscou, il revient dans son pays d'origine en 1960 en tant que journaliste. Trois ans plus tard il publie son premier roman, Le Général de l'armée morte, qui connaît un grand succès en Albanie et à l'étranger.
En 1972, nommé député sans l'avoir demandé, l'écrivain est contraint d'adhérer au Parti communiste. Entré en disgrâce pour ses écrits considérés comme subversifs, il est obligé de publier ses romans à l'étranger.
Grand admirateur de Balzac et de Flaubert, il demande et obtient l'asile politique en France en 1990. Plusieurs fois pressenti pour le prix Nobel de littérature, Ismaïl Kadaré ne reçoit jamais la distinction mais n'en demeure pas moins une figure majeure de la littérature.
Ismaïl Kadaré a publié plusieurs recueils de poèmes, de récits et d'essais, ainsi que plusieurs romans, notamment Le Général de l'armée morte. Comme un procès-verbal, cette chronique impitoyable d'une succession de journées gorgées de chaleur, de cruauté et de mort, nous introduit lentement dans son angoisse, une angoisse étrange, pleine de soleil et d'une aveuglante lumière.


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