Evguéni Djougachvili aime beaucoup son grand-père. Au point de défendre sa mémoire devant un tribunal face à des propos qu'il considère diffamatoires. Evguéni Djougachvili, 73 ans, colonel en retraite de l'armée russe, ex-soviétique, a repris le nom géorgien de sa famille. Et ce grand-père dont il veut redorer le souvenir n'est autre que Joseph Djougachvil... alias Staline. En avril, le journal russe Novaïa Gazeta a publié un article sur les «crimes» du dictateur. En particulier, le massacre de 22 000 officiers polonais prisonniers par le NKVD (ancêtre du KGB) à Katyn, en 1939. Son auteur, Anatoli Iablonovo, écrit : «Staline et les tchékistes (du nom de la police secrète soviétique, la Tcheka) sont liés par tout le sang qu'ils ont versé, par les crimes les plus graves, tout d'abord contre leur propre peuple.» Pour Iablonovo, il n'y a aucun doute historique : Staline a personnellement signé l'ordre d'assassiner ces officiers polonais. Pour le colonel Djougachvili, l'article est une atteinte à l'honneur et à la dignité de son grand-père. Il demande que Novaïa Gazeta (le journal auquel contribuait Anna Politkovskaïa, assassinée le 7 octobre 2006) publie un démenti et lui paye dix millions de roubles (227 000 euros) de dommages et intérêts. Le tribunal russe a renvoyé le procès initié par le petit-fils de Joseph Staline. Selon l'avocat du journal, cette décision a été prise pour permettre à la partie de la défense d'avoir plus de temps pour préparer ses arguments.