Les effectifs estudiantins ne cessent d'augmenter, entraînant en conséquence la mobilisation d'importants budgets pour leur prise en charge, notamment sur le plan social. Mais les dépenses de l'Onou ne sont pas à la hauteur des besoins exprimés par les étudiants, en particulier les résidents des cités U. Les revendications sont anciennes, les préoccupations aussi, à propos des conditions de vie et de travail des étudiants. De tout temps, en effet, la prise en charge des universitaires, dont le nombre ne cesse de croître au fil des années, jusqu'à atteindre près d'un demi-million, a posé problème à différents niveaux. Le casse-tête récurrent est de faire en sorte que soient réunies les conditions idoines à la prise en charge d'un aussi grand nombre d'étudiants. L'affaire n'est pas de tout repos car, nécessairement, il faut, à chaque rentrée universitaire, mobiliser d'importants moyens logistiques pour accompagner le développement de toutes ces universités qui éclosent un peu partout à travers le pays. Si, sur au plan de la réalisation des infrastructures et de leur dotation en moyens, le problème ne se pose pas - l'Etat ayant anticipé de ce côté là -, il en est autrement de la gestion des œuvres sociales. Controversée, souvent remise en cause, elle est le maillon faible de la chaîne qui provoque bien de déconvenues aux étudiants, notamment ceux appelés à résider dans les cités U. Les prestations en matière d'hébergement, de restauration et de transport sont loin d'être idéales. Les autorités elles-mêmes reconnaissent qu'il subsiste encore de sérieuses lacunes qu'elles tentent tant bien que mal de surmonter, du moins d'en atténuer les conséquences. Si l'on s'en tient aux témoignages émanant d'étudiants inscrits dans les principales villes universitaires du pays, la situation frôle le drame. Dans nombre de cités U, les conditions de vie sont pénibles, très difficiles et pour les filles et pour les garçons. Les étudiants, rapporte-t-on, vivent à plusieurs dans une même chambre ; ils doivent patienter des heures pour prendre un repas tant leur nombre est important. Au bout de la chaîne, c'est souvent la déception car la nourriture servie est d'une qualité plus que douteuse. Les cas d'intoxications collectives et individuelles sont légion, et il n'est pas rare de rencontrer d'anciens étudiants qui ont préféré écourter leurs études à cause justement des piètres prestations de l'Onou. Le transport, pour lequel l'Onou mobilise quelque 4000 bus, n'est pas assuré de façon équitable. Les étudiants habitant la périphérie des grandes villes, comme Alger, Constantine et Annaba, en souffrent particulièrement. Exemple édifiant de la gestion approximative de ce service : à Ouled Fayet, il existe 3 cités universitaires pour filles. Les bus affectés au transport des étudiantes sont refusés systématiquement aux étudiants, sans explication... D'une manière générale, dans beaucoup de cités U, les minima sociaux ne sont pas réunis pour permettre à l'étudiant de poursuivre ses études dans des conditions acceptables, qui refléteraient un tant soit peu les immenses budgets que l'Etat consacre annuellement au secteur de l'enseignement supérieur. Car l'Etat dépense beaucoup pour les étudiants, parfois pas à bon escient. Il ne faut pas s'en cacher, les cas de malversations et de détournements ne sont pas étrangers à l'état de dégradation des conditions de vie dans quelques résidences universitaires. Outre ces pratiques, dénoncées parfois avec vigueur par les organisations estudiantines, il y a lieu de rappeler que les activités culturelles, scientifiques et les loisirs y font souvent défaut quand l'argent qui leur est destiné ne prend pas la tangente. Là aussi, il y va de la responsabilité des gestionnaires de l'Onou… et des organisations estudiantines plus promptes à dénoncer la qualité de la nourriture des restos U que de s'inquiéter de la qualité de l'enseignement.