Tizi Ouzou, El Tarf, Oran, Boumerdès, Laghouat, Bab Ezzouar, Béjaïa et Blida...sont en effervescence. Quelles sont les causes de la grogne? En premier lieu, la surpopulation des universités algériennes. Elles accueillent plus d'étudiants qu'elles ne peuvent en recevoir. A titre d'exemple, la cité universitaire d'El Tarf, qui a une capacité d'hébergement de 500 étudiants et qui en abrite 720: «On est 5 ou 6 dans des chambres qui sont prévues pour deux personnes», ont révélé les étudiants à la presse. A l'université Ferhat-Abbas de Sétif, les étudiants en colère ont fait savoir que 4000 d'entre eux n'ont pas encore pu être hébergés. A Kouba, l'Ecole supérieure des enseignants connaît les mêmes déboires. Il y a un manque criant de chambres d'hébergement. Les étudiants menacent et mettent l'Office national des oeuvres sociales, l'Onou, face à ses responsabilités. Mais la liste des revendications est encore très longue et augure d'un conflit dont les conséquences pourraient s'avérer désastreuses. Transport, restauration, insécurité et même la mixité sont autant de problèmes qui sont posés avec acuité et détermination par les étudiants algériens. La grogne semble prendre de l'ampleur et tend vers la généralisation. Le ras-le-bol exprimé sur les campus des universités ne date pas d'hier. Les salles de cours et les amphithéâtres surchargés, la restauration, l'hébergement n'ont jamais trouvé de solutions. Chaque année, c'est la même rengaine. L'université algérienne vit un malaise profond dont les racines sont presque inextricables. Les étudiants pointent du doigt l'administration et les structures chargées de la gestion des cités universitaires. L'Office national des oeuvres universitaires et ses directions. Le directeur général de l'Onou veut cependant minimiser l'ampleur prise par le conflit. Il préfère parler de cas particuliers et isolés. Il dénonce les organisations estudiantines qui, selon lui, veulent s'immiscer et avoir un droit de regard sur la gestion des oeuvres sociales. A la question d'un journaliste de la presse nationale, il déclare «en tant qu'administration, nous avons redéployé l'hébergement des étudiants et ce n'est pas à eux de nous conseiller où mettre les filles et où placer les garçons». Selon M.Boualem Adour, directeur général de l'Onou, la rentrée universitaire a été préparée en conséquence: «Nous avons commencé à préparer cette rentrée en février dernier, nous n'avons pas de déficit en lits», a-t-il signalé. Pour quelle raison cela coince-t-il? Cela serait dû à une mauvaise répartition géographique des résidents, explique M.Boualem Adour. Les étudiants, quant à eux ne lâchent pas prise. A Tizi Ouzou, 18 comités estudiantins sont à la tête d'une grève qui paralyse l'université depuis deux semaines. Fait nouveau: le mouvement de grève a fait tâche d'huile. Les travailleurs de sept résidences universitaires ont organisé une journée de protestation. L'Union générale des étudiants libres (Ugel) se sont joints à eux. L'organisation estudiantine, proche du MSP, a lancé un appel à l'organisation d'assemblées générales dans certaines résidences universitaires algéroises. Dergana et Bab Ezzouar, notamment. Transport, restauration, hébergement... sont au menu des revendications. De Médéa et Béchar commencent à poindre les premiers signes de mécontentement. L'année universitaire risque d'être sérieusement compromise si les choses demeuraient en l'état.