A travers les dispositions contenues dans le projet de loi de finances pour l'année 2010, il semble bien que l'augmentation des salaires est définitivement acquise au profit des travailleurs des différents secteurs d'activité. La mouture de la loi de finances 2010, telle que présentée et adoptée lors de la séance du conseil des ministres tenu cette semaine sous l'égide du président de la République Abdelaziz Bouteflika, consacre une cagnotte de 230 milliards de dinars qui sera destinée spécifiquement pour revoir à la hausse les grilles de salaires. Ce montant est-il suffisant pour assurer l'incidence de révision à la hausse du montant du Snmg et mettre en œuvre le nouveau régime indemnitaire des fonctionnaires ? Une telle solution s'inscrit-elle dans le long terme ou s'agit-il simplement d'une mesure qui est limitée dans le temps ? de combien sera augmenté le Snmg et qu'en sera-t-il de la nouvelle grille des salaires qui sera mise en application, une fois la loi de finances 2010 en vigueur ? De toute évidence, pour obtenir des réponses nettes à toutes ces questions, il y a lieu d'attendre le rendez-vous de la tripartite qui regroupera l'exécutif, le partenaire représenté par l'Ugta et le patronat. Maintes fois annoncée avant la fin de l'année en cours, la date exacte de la tenue de la tripartite, dont la revalorisation des salaires est justement l'un des thèmes phares, n'est toujours pas fixée de façon définitive. Cela dit, nombre de représentants des organisations patronales contactés hier par nos soins approuvent le principe de la revalorisation à la hausse des salaires des travailleurs, même si certains souhaitent qu'une telle option soit conditionnée par la création de richesses dans les entreprises. Une mesure sociale projetée à court terme Cependant, compte tenu de la dégradation du pouvoir d'achat, il devient impératif de revoir à la hausse les salaires à même d'offrir aux algériens des conditions de vie plus décentes. L'avis du Forum des chefs d'entreprises (FCE) au sujet de l'augmentation des salaires s'inscrit d'ailleurs dans cette optique. A ce propos, rappelons que Réda Hamiani a fait savoir récemment que la hausse des salaires est fondée socialement, compte tenu de l'appauvrissement des classes sociales à faibles revenus. Cela dit, au plan strictement économique, Réda Hamiani estime que le salaire est un élément de coût de l'entreprise. Le président du FCE a toujours considéré que la question de l'augmentation des salaires «méritait d'être traitée secteur par secteur pour tenir compte des capacités de chaque entreprise à générer des gains de productivité à partager avec le facteur capital». Contacté hier, M. Nezim, secrétaire général de l'Association des entrepreneurs algériens (Agea), estime que le fait que l'Etat ait décidé d'injecter 230 milliards de dinars pour revoir à la hausse le Snmg, de même que pour la mise en place du nouveau régime indemnitaire, est, selon lui, «une bonne chose», même s'il demeure convaincu qu'une telle mesure ne peut être projetée à long terme. Une fois cette somme consommée, on se retrouvera de nouveau à la case départ», indique le SG de l'Agea. Ce dernier demeure en effet convaincu que pour procéder à l'augmentation du Snmg, il y a lieu d'abord «de procéder à la création de richesses, d'alléger les charges sociales des entreprises et leur faciliter l'accès aux banques notamment». Pour sa part, M. Mehenni, patron de la Confédération des industriels et des producteurs algériens, (Cipa) estime que l'enveloppe de 230 milliards de dinars est conséquente. Cependant, notre interlocuteur, dont l'organisation est favorable de son avis à l'augmentation des salaires, fait part de quelques interrogations comme par exemple la capacité des entreprises à intégrer une telle option.