Tamda Ouguemoun, cette petite plage de la commune d'Iflissen, séduit à elle seule des milliers de touristes, tout au long de l'année, particulièrement les week-ends. Du coup, ce petit bout de paradis, de même que la plage Abechar située juste à côté, qui perpétuent l'activité touristique tout au long de l'année dans cette région inhabitée, risquent d'être rayés de la carte de visite des lieux. Sa renommée, en fait, n'est pas seulement acquise par rapport à la beauté de ce lieu féerique, qui, faut-il le préciser, a subjugué plus d'un, mais surtout par la prestation et la qualité de la gastronomie unique des taverniers qui œuvrent au niveau de ce lieu. Un coin d'une beauté sauvage qualifié d'un éden terrestre par les nombreux visiteurs qui ont la chance de le visiter. Sa renommée dépasse même les frontières du pays. Des centaines de personnes convergent vers Tamda Ouguemoune pour passer d'agréables moments l'espace d'une journée et goûter aux plats de poissons préparés par des cuisiniers qui eux seuls connaissent le secret du goût de leurs plats. Ils viennent des quatre coins de la région centre du pays. En effet, Tamda Ouguemoun est un haut lieu de villégiature. Elle est réputée aussi pour son calme olympien qui vous fait oublier tout le stress d'une semaine de travail. Son accès facile, sa plage aux cailloux arrondis par le sac et le ressac des vagues, ses énormes rochers qui vous permettent d'admirer le balancement des vagues de la grande Bleue, sont autant d'atouts qui attirent les visiteurs dans ce coin qui vous incite à aller à la découverte de ses secrets jamais dévoilés en totalité. C'est ce qui aiguise la curiosité des visiteurs dont le passage est agrémenté de plats de différents poissons fumants servis avec le sourire par les taverniers. L'activité des commerçants menacée Mais aujourd'hui, tout ça risque d'être rayé de la carte de visite des lieux. La vingtaine de propriétaires de ces restaurants craignent pour l'avenir de leur activité. Tout a commencé lorsque la direction de la pêche et des ressources halieutiques de la wilaya de Tizi Ouzou a décidé de réaliser une plage d'échouage dans cet endroit, pour les pêcheurs de la région. Il s'agit d'une petite plage d'échouage de 30 petits métiers, à l'instar de celle de la commune d'Aït Chafaâ, dans la daïra d'Azzefoun. Le ministre de la Pêche, Smaïl Mimoune, a donné le coup de starter des travaux, la semaine passée. Trois mises en demeure sont adressées aux propriétaires des restaurants les sommant de fermer leurs portes pour entamer les travaux à Iflissen. Ceci a provoqué l'inquiétude des autres gérants des restaurants restants. Ces derniers qui voient d'un mauvais œil cette énième action, se disent, d'abord, solidaires avec leurs confrères. «Nous ne laisserons jamais personne toucher aux biens de nos confrères» martèlent-ils sans arrêt. Ensuite, ils revendiquent carrément la délocalisation de ce projet dans un autre endroit de la commune. Ils avancent une armada d'arguments. Puisque, à leurs yeux, ce lieu n'est guère adéquat. «Il existe d'autres criques à Iflissen pour implanter ce projet au profit de nos pêcheurs. à un jet de pierre d'ici par exemple, il existe un port naturel où jadis les pêcheurs de la région activaient. Alors pourquoi ils veulent dénaturer la plage de Tamda Ouguemoun et que ferons-nous après ? C'est l'avenir du tourisme qui est sérieusement remis en cause dans cette commune d'Iflissen qui n'a aucune autre ressource hormis les milliers de touristes qui y affluent», fulmine un groupe de propriétaires de restaurants que nous avons rencontré sur les lieux. Et d'ajouter encore : «Dans d'autres pays, on construit des plages artificielles pour attirer des touristes, et nous ici on détruit des plages naturelles, est-ce comme ça qu'ils disent vouloir développer le tourisme ? Vraiment c'est inadmissible». D'autres affirment avoir commencé à travailler dans ce lieu depuis le début des années 1980. «Grâce à notre résistance durant les années de braise, on a maintenu la sécurité dans cet endroit, en dépit de la menace terroriste qui planait à l'époque. Que les autorités d'aujourd'hui veulent réaliser ce projet ici n'est pas un choix judicieux. Sinon pourquoi ils ont gelé un projet similaire à Mizrana où les conditions sécuritaires ne le permettent pas», nous déclare un autre gérant, en exhibant une revue touristique française qui a consacré toute un reportage sur la plage de Tamda Ouguemoun. Même l'étude du projet est remise en cause par les protestataires qui disent ne plus savoir à quel saint se vouer ni à quelle porte frapper. «Comment installer un petit port dans un endroit où une rivière débauche. Je suis sûr qu'en hiver les eaux pluviales de Oued Aguemoun emporteront tout avec eux, tout ce qui se trouvera sur leur passage», précise-t-on. Par contre, selon un responsable de secteur de la pêche de la wilaya de Tizi Ouzou que nous avons contacté, il n'y a pas de quoi s'inquiéter pour ces restaurateurs du moment que la décision de démolition ne concerne que trois restaurants. En outre, nous avons appris aussi que les restaurants de Tamda Ouguemoun ont créé des centaines de postes de travail, et ce, d'une manière directe et indirecte. La commune d'Iflissen, qui est dotée d'une façade maritime de plus de 15 kilomètres, reste inexploitée pour le moment. Elle n'est même pas dotée d'énergie électrique. En revanche, ces dernières années, un regain d'intérêt est affiché par la population locale pour l'activité touristique et la pêche, après avoir tourné le dos à la mer, des siècles durant, pour des raisons historiques, à l'instar de tous les Kabyles. De leur côté, les pêcheurs de la commune d'Iflissen, piaffent d'impatience de voir cette plage, tant attendue, être réalisée dans les plus brefs délais dans n'importe quel endroit à Iflissen. Eux qui activent dans des conditions lamentables à la crique de Sidi Khaled. Ces derniers courent de gros risques quand la mer est démontée. On se souvient il y a quelques années, une lame de fond avait causé d'inestimables dégâts au matériel des pêcheurs installés sur la plage de Zegzou. Enfin, si les appréhensions des restaurateurs venaient à être vérifiées, c'est toute une page qui sera tournée et c'est aussi toute l'activité touristique qui sera réduite à son expression la plus simple d'autant que le secteur du tourisme reste le parent pauvre de toute cette région de la wilaya de Tizi Ouzou.