La dernière confrontation entre des centaines de musulmans établis en Grande-Bretagne et une poignée de «brebis galeuses» de l'extrême droite n'était pas qu'une dispute entre chiffonnières. Bien que les deux camps aient fini de ranger les marteaux, le Royaume-Uni donne l'impression de s'empêtrer chaque jour un peu plus dans la spirale de la haine de l'étranger. Cela n'à rien à voir avec la reconduction d'Afghans indésirables chez eux. Outre-manche, les charters pour Kaboul n'ont pas tenu l'opinion publique en émoi. L'onde de choc est partie d'ailleurs. Du bâtiment de la BBC et de ses alentours où un millier de manifestants s'est rassemblé afin de perturber l'enregistrement d'une émission pas tout à fait comme les autres. Inédite, à l'image de l'invité qui n'a jamais eu l'occasion de fouler un plateau télé. Son nom, Nick Griffin. Sa profession, leader de l'extrême droite britannique et chef du parti British National Party. Sa dernière interview, dans les colonnes du Times. L'ennemi juré des conservateurs et des travaillistes avait traité la classe politique et ses alliés de «stupides». Ce, pour être tombés aussi facilement dans le panneau, offrant publicité gratuite et attirant de nouveaux donateurs pour son parti.C'est avec ces précieux gains que le nationaliste Nick Griffin s'est rendu dans le studio de la BBC pour participer à un débat qui allait provoquer un tollé. Non pas du fait de sa programmation en prime time mais en raison des tabous que le honni Griffin ne prendrait pas de gants pour faire sauter l'un après l'autre. Gordon Brown en personne est intervenu dans la controverse, estimant que le débat en question exposerait en public les positions racistes et sectaires du BNP. Une erreur de la part de la célèbre chaîne anglaise de donner un temps d'antenne à une formation politique, certes représentative d'une infime minorité, mais qui a tout de même gagner deux sièges aux dernières élections européennes ? Devoir d'impartialité, a rétorqué le directeur de la «Beeb». Et ce ne sont pas les ténors de l'extrême droite européenne qui vont le maudire. Il y a un temps pour tout, pensent-ils, celui de la fin de l'hypocrisie inclus. Et libre à Nick Griffin de refuser l'adhésion de «non-Blancs britanniques» dans les rangs de son parti. Avant lui, bien des «fachos» avaient exclu d'office ceux qu'ils considéraient comme faisant partie de la « race inférieure». De la xénophobie caractérisée que les derniers de la classe politique usent à outrance afin de pouvoir un jour se mesurer aux partis traditionnels. A six mois des législatives, la polémique au service de l'extrême droite britannique jouera-t-elle en faveur du British National Party ? Elle suscite beaucoup d'espoir chez Nick Griffin comme chez ses compères suédois du parti Nouvelle démocratie qui, eux, songent à une percée significative lors des élections législatives de l'an prochain. Ils n'auront qu'à apprendre par cœur le manuel du Front national français ou à s'intéresser aux mémoires de Jean-Marie Le Pen pour se convaincre de la possibilité d'égaler le score de son parti, réalisé en ce jour historique de mai 95. Depuis, il y a eu l'avilissant discours de Dakar dont une certaine France s'en souvient encore. Quant à son diseur, il se souviendra lui du «sacrifice» de son fils Jean qui a fini par renoncer à briguer la présidence de l'établissement de gestion du plus grand quartier d'affaires d'Europe. Sacrée Défense !