Le paisible Londonistan où il faisait bon y vivre n'est plus ce qu'il était avant. La «baraka» de Tony Blair a tendance à disparaître, la Grande-Bretagne va devoir faire avec l'islamophobie qui est en plein essor. Le prince Harry qui est devenu multimillionnaire en temps de crise ou les forces spéciales britanniques qui formeraient des militaires libyens seraient des épiphénomènes devant la gravité du choc des civilisations, à l'échelle du royaume. Très peu médiatisée, l'affaire a pourtant pris en deux nuits d'affrontements des proportions sidérantes. A Londres et dans sa banlieue proche, des centaines de musulmans se sont heurtés à un groupuscule anti-islamique… à coups de marteau. La police a dû s'interposer pour éviter la confrontation, les seconds constituant pas plus d'une douzaine de manifestants. Parce qu'ils étaient minoritaires que la presse occidentale a estimé presque insignifiant le face-à-face ? Le slogan des anti-islamiques, du nom du mouvement organisateur du double rassemblement, mérite de s'y attarder dessus. «Stop à l'islamisation de l'Europe», ce qui diffère totalement d'un souhait de mettre un terme à l'enracinement de la doctrine djihadiste sur le vieux continent, n'est autre qu'un acte islamophobe caractérisé. C'est dire que ce n'est pas le nombre d'islamistes radicaux, réfugiés chez Sa Majesté, qui est montré du doigt. Mais ce sont les minarets, qui poussent comme des asperges, que l'extrême droite ne veut plus voir sortir de terre. Il se trouvera bien des économistes qui concluront à une poussée nationaliste légitime, l'actuelle crise financière mondiale nourrissant ce sentiment qui n'est pas propre à la Grande-Bretagne. Le racisme qui sévit en Russie en serait la conséquence directe de cette infortune universelle. Celle-ci n'explique pas tout, la confrontation d'ordre politico-religieux entre Occident et Islam n'a pas pris feu avec les récents incidents de Londres. Ils étaient deux caricaturistes danois et non pas douze anti-islamiques anglais pour mouiller la mèche à l'encre noir. Résultat des courses, un soulèvement de tout le monde musulman pour dénoncer de provocatrices caricatures. Tout le contraire de la réplique djihadiste d'Al Qaïda Maghreb contre les intérêts de la France en Mauritanie suite au débat sur l'interdiction du port de la burqa. Alors que la réponse de la communauté musulmane à Londres, condamnable soit-elle, n'a pas été dictée par la voix enregistrée d'Ayman Thawahiri. Loin des amalgames, doit-on encore s'étonner que 6000 militants de la gauche allemande foncent à Hambourg sur une centaine de néo-nazis pour empêcher la tenue d'un rassemblement du parti national-démocrate ? La grande démocratie européenne a le droit de se défendre contre les aspirations des fous d'Allah sur son sol mais a aussi le devoir de défendre le droit à la différence que l'extrême droite ne s'épuise pas à vouloir achever à coups de marteau. Ce n'est pas parce que Jean-Marie Le Pen a pris sa retraite que la lutte contre toutes les dérives sectaires doit cesser.