Les participants à la journée parlementaire sur la lutte coloniale ont été unanimes à exiger de l'ancienne puissance coloniale la reconnaissance des crimes qu'elle a commis en Algérie. Beaucoup d'intervenants ont par ailleurs proposé d'entamer des actions communes pour arracher une repentance que la France refuse obstinément. Le député Salah Goudjil du FLN a indiqué que l'Assemblée populaire nationale (APN) doit entreprendre une action pour répondre à l'assemblée française qui a adopté la loi du 23 février de 2005 faisant l'apologie du colonialisme. «Je pense qu'il est temps pour que l'assemblée nationale réponde à l'assemblée française sur cette loi», a-t-il indiqué lors de l'intervention faite à l'occasion de la tenue d'une journée parlementaire organisée en collaboration avec le ministère des Moudjahidine intitulée «Algérie : lutte anticolonialisme 1830-1954 Résistance populaire et mouvement national à l'aube de la révolution». La rencontre a été organisée jeudi au siège de l'APN avec la participation de plusieurs chercheurs, historiens et moudjahidine venus apporter leurs témoignages sur les évènements qui ont eu lieu durant cette période précédant la révolution de Novembre. Les intervenants ont relevé une nouvelle fois la question de la repentance de la France, qui doit demander des excuses au peuple algérien et l'indemniser pour tous les crimes qu'elle a commis à son encontre. Mieux connaître les vérités de la colonisation Abdelaziz Ziari, président de l'APN, a beaucoup insisté sur l'importance de l'écriture de l'histoire. Il a saisi cette occasion pour réitérer son appel aux historiens à écrire l'histoire et à traiter tous les aspects du génocide qu'a pratiqué la France durant sa présence sur le sol algérien. «L'écriture de l'histoire doit se faire avec fidélité. Les historiens doivent travailler et approfondir leur recherche sur les événements tragiques qu'a vécus le peuple algérien durant cette période. Ils doivent relever les aspects négatifs et les impacts désastreux de la colonisation en mettant en évidence tout ce qu'a subi notre population en passant par les crimes de guerre, le génocide et les essais nucléaires et bactériologiques», a-t-il précisé. Il a estimé que le grand défi que l'Algérie doit relever à présent est celui d'écrire l'histoire de notre pays et de l'inculquer aux générations futures en transmettant la vraie image du pays colonisateur à nos enfants vivant à l'étranger et qui subissent la propagande du colon. Il a lié la repentance de la France à l'ambition commune de tisser des relations bilatérales amicales. «Au moment où nous attendons la France qu'elle reconnaisse ses crimes de guerre, nous assistons à des faits qui visent à falsifier l'histoire et à glorifier la colonialisme», a-t-il précisé. Relever les faits encore dissimulés Mohamed Cherif Abbas, ministre des Moudjahidine, a appelé, quant à lui, à la nécessité d'une mobilisation générale en faisant participer les institutions de l'Etat et les animateurs de la société civile pour «mieux s'intéresser à l'histoire et la mémoire glorieuse de l'Algérie». Tout en soulignant l'importance de la période qui a précédé le déclenchement de la guerre de libération nationale, le ministre a estimé que cette phase est très riche en événements qu'il faut étudier en relevant les aspects qui sont, à ce jour, restés dissimulés. Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, a indiqué pour sa part que la colonisation est un crime contre l'humanité et que «nous ne pouvons, en aucun cas, discuter ou évoquer sa glorification sur aucun aspect». «Nous ne pouvons pas reculer sur notre exigence à condition que la France reconnaisse ses crimes commis contre l'humanité et la présentation des excuses au peuple qui a subi la torture et la misère. C'est une revendication légitime, morale, sociale, politique et historique à laquelle nous restons attachés, nous tenons énormément à sa concrétisation et à la transmission à nos enfants», a-t-il indiqué dans une déclaration faite en marge de la rencontre. «Nous allons continuer à revendiquer ces droits jusqu'à leur concrétisation par l'Etat français», a-t-il ajouté.