Chez le privé, les comptes font les bons employés, les mauvais mènent droit aux... employés du ministère de la Justice. Greffier, procureur puis juge du siège, Mohamed El Akhdar a payé lourdement une sale initiative, celle de s'octroyer une prime d'intéressement dans une société privée dont maître Setti, l'avocat, avait soulevé moult questions autour d'une telle entreprise. Kassoul, la présidente qui porte encore la carapace de juge d'instruction, a laissé toutes les parties s'exprimer tel qu'elles l'entendaient. Sans le feu vert du conseil d'administration, le comptable chargé du service financier d'une société privée ne peut s'offrir le luxe de s'octroyer une prime d'intéressement. Inculpé de faux, le bonhomme voulait étaler ses convictions mais maître Setti, l'avocat de la société, ne le prend pas de cette manière et va tenter de se faire comprendre, et bien même, car il connaît la juge du siège et sait quelle juge d'instruction elle était à El Harrach. Soumeya Kassoul, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs, qui est une novice sur le siège du pénal, a dans sa gibecière au moins les dix années judiciaires qu'elle a passé en qualité de juge d'instruction. «Dix-huit mois de prison ferme pour faux et usage de faux», balance Abdelkrim Bouderbali en superforme depuis la rentrée, car le stress est en voie de disparition avec le mini-mouvement opéré à Saïd Hamdine, siège du tribunal de Bir Mourad Raïs qui a l'envergure d'une cour. L'avocate de l'inculpation éloigne du revers de la main l'inculpation, car «il y avait eu un accord entre mon client et le directeur général autour des activités mensuelles, car le salaire de base n'a jamais évolué», dit l'avocate qui exhibe un document signé par les deux parties pour l'octroi de prime d'intéressement chaque mois : «Et les vingt-quatre millions de centimes c'est le total de plusieurs mois de primes non encaissées, conformément à l'accord tacite conclu entre toutes les parties.»