Le risque d'une invasion acridienne à partir de la Mauritanie n'est pas à écarter. Quand bien même les experts de la FAO se font rassurants, le danger planera encore sur les régions du sud du pays. D'où la réaction des autorités de réactiver le dispositif de lutte antiacridienne déjà mis en place en 2004. Depuis plusieurs semaines, la Mauritanie fait face à une invasion acridienne sur pratiquement l'ensemble de son territoire. Les experts mauritaniens expliquent le phénomène par l'abondance anormale des pluies des mois de septembre et d'octobre qui ont créé des conditions favorables au développement des larves de criquets. Le Centre national de lutte antiacridienne (CNLA) fait part aussi de la présence d'une population acridienne à tous les stades de développement et dans l'ensemble des régions mauritaniennes, notamment dans le sud-ouest. Des essaims de criquets pèlerins sont également signalés au Sahara occidental et au sud du Maroc. Selon les experts de la FAO, ils pourraient s'étendre à l'Algérie et les pays du Sahel si des pluies prononcées venaient à être enregistrées durant les deux prochains mois. Dans ce cas de figure, il est à craindre une infestation de tout le Sud algérien, voire la steppe et les hautes plaines où le couvert végétal est déjà assez développé. Cette menace potentielle est prise au sérieux par les autorités qui craignent la répétition des épisodes acridiens affectant, toutes les décennies et de façon cyclique, les régions sud du pays. Situation sous contrôle Bien qu'aucun essaim de criquets n'ait été observé sur le territoire national, ces craintes demeurent vives depuis le déclenchement de l'alerte en Mauritanie. La réaction immédiate a été de réactiver le dispositif de lutte antiacridienne qui implique, il faut le rappeler, plusieurs départements ministériels. L'accent est mis sur la surveillance des mouvements de criquets, notamment aux frontières avec la Mauritanie, le Mali et le Niger, où des équipes mobiles de l'Institut national de protection des végétaux (INPV) sont déjà en place. Des moyens d'intervention supplémentaires ont été dernièrement octroyés aux wilayas de Béchar, de Tamanrasset, d'Adrar, de Ghardaïa et de Biskra où, potentiellement, le risque est grand sur les cultures agricoles. De plus, une cellule de veille se réunit en permanence au niveau du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, suivant de près l'évolution de la situation. Enfin, dans le cadre de la coopération avec la Mauritanie, deux équipes algériennes de l'INPV secondent actuellement leurs homologues mauritaniens. Selon les météorologues du centre régional de Tamanrasset, les conditions sont réunies pour une probable infestation acridienne dans les zones qui ont connu des précipitations importantes entre septembre et octobre. Le couvert végétal mis en évidence par les observations satellitaires dans le sud du pays offre en effet un terrain favorable au développement des populations acridiennes. On nous affirme, cependant, que les équipes de l'INPV sont intervenues rapidement pour traiter ces zones au moyen d'insecticides. Mais, explique-t-on, le danger n'est pas pour autant écarté tant que les opérations de lutte en Mauritanie n'ont pas pris fin. Le spectre des pluies écarté La FAO redoute la survenue dans les 4 à 5 semaines à venir de fortes pluies qui pourraient favoriser la formation, début décembre, de petits essaims dans les régions mauritaniennes infestées. Ces essaims risquent de se déplacer vers le nord pour se reproduire durant l'hiver, préparant ainsi une probable invasion dès le printemps. Cette éventualité est pour l'instant écartée puisque, du côté des services de la météorologie de Tamanrasset, on apprend qu'aucun orage n'est prévu dans ces zones dans les dix prochains jours.Les mêmes services expliquent que le front intertropical, à l'origine des pluies d'automne dans le Sahel et l'extrême sud algérien, se dirige actuellement vers le sud du Niger, écartant momentanément le risque de nouvelles ondées sur les régions sous surveillance.