«Si le problème s'était posé en Occident, il aurait certainement été traité plus rapidement». la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD), réitère son appel pressant et solennel à la solidarité internationale pour lutter contre les criquets pèlerins. Les bestioles avancent à tire-d'aile en dévastant pâturages et végétation. Cette situation est qualifiée de désastreuse par les participants à la réunion d'avant-hier à Dakar qui s'est achevée tard dans la nuit de mardi. Une résolution a été adoptée, appelant notamment au renforcement du plan d'urgence décidé le 27 juillet dernier à Alger et demandant à la FAO de mettre rapidement à la disposition de la Clccpro et des Etats concernés l'aide technique et financière à ceux du Sahel (Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad). Le président malien Amadou Toumani Touré a lancé des appels de détresse en affirmant que «l'envergure et le rythme de cette invasion acridienne sont tels que les dispositifs mis en place s'avèrent insuffisants» En ajoutant que «cette situation compromet gravement la campagne agricole en cours. Elle conduit à la famine et à la dégradation de l'environnement dont les conséquences sur les populations, le cheptel et les économies nationales sont désastreuses». Le représentant de la FAO à Dakar, Edouard Tapsoba, a déploré le fait que «les promesses des bailleurs de fonds restent en deçà des besoins et font courir le risque d'une famine dans plusieurs des pays touchés». A ce propos, il faut signaler qu'un subside de 100 millions de dollars est requis pour enrayer le fléau. Le ministre algérien de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, a rappelé pour sa part que «la région est exposée à une invasion aux conséquences désastreuses». Il a averti que «seuls 3% des zones infestées en Afrique occidentale avaient été traitées». Et d'enchaîner «ce risque requiert d'autres efforts supplémentaires et urgents». Pour le docteur Sid Ali Moumen, directeur de la protection des végétaux, «si le problème s'était posé en Occident, a-t-il affirmé, il aurait certainement été traité plus rapidement». Par ailleurs, la résolution préconise le développement de la lutte biologique contre le criquet pèlerin et la promotion de la recherche scientifique. Elle appelle à l'organisation d'une conférence internationale sur le criquet le mois de janvier ou de février prochain à Dakar. Pendant que se tenait la réunion, il a été signalé des essaims de criquets pèlerins dans la capitale sénégalaise.«Un important essaim, rapporte l'APS, tourbillonnant, cherchant probablement à se poser a été aperçu dans la ville, sur la route menant à l' aéroport où des équipes de traitement sont intervenues pour écarter tout risque de perturbation du trafic aérien». Les ministres de l'Agriculture et des Forces armées de 10 pays d'Afrique ont insisté sur la mise en place d'un dispositif pour le renforcement de cinq «bases stratégiques» au Sénégal (à Richard-Toll), au Mali (Gao), au Tchad (Abéché), en Mauritanie et au Niger (Tawa), avec Nouakchott comme au siège de la Commission de lutte contre le criquet pèlerin en région occidentale (Clccpro), élargie à la Gambie, au Cap-vert, à la Guinée-bissau et à la République de Guinée. Pour le moment, les criquets avancent à pas de géant. Ils ont déjà infesté sept régions sur onze que compte le Sénégal. Le président sénégalais Abdoulaye Wade a souhaité que «la réunion des ministres de l'Agriculture et des Forces armées de seize pays africains, constitue un tournant décisif dans la lutte antiacridienne». Pour rappel, les pays concernés par le péril acridien sont l'Algérie, la Libye, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad, la Tunisie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Burkina Faso et la Gambie, auxquels s'ajoutent trois autres, l'Afrique du Sud, l'Egypte et le Nigeria.