Le spectre d'une année agricole catastrophique n'est donc pas à écarter. A la faveur de la saison hivernale, la progression des essaims de criquets pèlerins risque de compromettre l'agriculture dans les pays du Maghreb. C'est ce qui ressort de récents rapports du FAO qui évoque un danger imminent, d'autant plus que les conditions climatiques sont favorables à la reproduction de l'insecte. Pour le moment, une vaste campagne de lutte contre le criquet pèlerin est menée dans les cinq pays du Maghreb et des dizaines de milliers d'hectares de surfaces agricoles sont d'ores et déjà traitées. Cependant, les moyens mis en oeuvre sont insuffisants, notamment en Mauritanie où le phénomène prend des proportions incontrôlables. En Algérie, la campagne de lutte antiacridienne lancée depuis l'apparition des premiers essaims de criquets l'année dernière, a crée des centres d'observation dans plusieurs wilayas, en particulier celles touchées par l'invasion acridienne, à savoir Béchar, Adrar, Tlemcen et Sidi Bel Abbès. Le spectre d'une année agricole catastrophique n'est donc pas à écarter, au vu des rapports de la réunion des ministres maghrébins de l'Agriculture, le week-end dernier à Tunis. Réunis pour coordonner leurs efforts de lutte contre les criquets pèlerins durant la période hivernale, les ministres des cinq pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA) ainsi que les experts ayant pris part à cette rencontre étaient unanimes à tirer la sonnette d'alarme. Ils ont noté que le nord de la Mauritanie était actuellement le plus touché et constituait une menace pour tous les pays limitrophes, nécessitant un plan d'intervention d'urgence. Un document présenté à Tunis par des experts maghrébins met en garde contre la période de prolifération hivernale des criquets et la constitution d'essaims avec des risques importants d'invasion acridienne au printemps prochain. D'où la nécessité de mettre en place un plan d'intervention prévoyant un renforcement de la coordination des cinq pays de la région, le recours à la logistique de prospection et aux moyens aériens pour l'épandage de pesticide. Les ministres algérien, marocain et libyen de l'Agriculture, ont estimé que l'unique alternative des pays du Maghreb consiste en l'éradication totale des criquets pèlerins à travers une coordination des efforts des différents pays de la région. Pour le ministre tunisien de l'Agriculture, Habib Haddad, l'actuelle invasion acridienne trouve son origine dans les changements climatiques et les températures anormales enregistrées ces dernières années. La Tunisie ne constitue pas, selon lui, une zone de regroupement des criquets pèlerins et quelque 250.000 hectares traités ont permis de protéger les oasis du sud et de contenir les criquets dans les zones sahariennes. A noter que l'Algérie qui constitue une expérience pilote en matière de lutte antiacridienne a débloqué pas moins de 100 millions de dollars pour renforcer son plan d'action et apporter son assistance aux pays voisins.