Mahiedine S., 42 ans, a ceci de particulier : il a un casier judiciaire bondé ; il est pris en flagrant délit de sniff, c'est pour lui une première. La présidente du pénal le lui rappelle juste pour qu'il secoue ses épaules, ses cheveux, son «nif» et son honneur et peut-être sa... liberté. Le détenu poursuivi pour détention et usage de drogue n'était pas seul sur les lieux où les policiers avaient découvert un joint encore fumant sur le sol, mystère : qui l'a balancé ? Debout comme un «i» majuscule, Mahiedine S., la quarantaine, est sous le coup d'une grave inculpation où il risque très, très gros.............. Maître Karim Rouabah, l'avocat du détenu ira droit sur l'indulgence du tribunal dont il salue la prestance dans la conduite des débats. Samira Kirat, cette magistrate qui monte grimpe et veut à tout prix arriver dans une position confortable, fait comme si le compliment ne lui était pas adressé et comme dirait notre ami Abderahmane Toulié, un juge du siège ne mérite aucun compliment tant il est conscient qu'il ne fait que son boulot pour lequel il a été formé. Et comme en règle générale les doigts de la main ne se ressemblent pas... Puis regardant bien dans les yeux l'inculpé, il lance : - «C'est curieux, vous avez un casier (qu'Allah bénisse) chargé et pourtant vous n'êtes pas un récidiviste en matière de détention et d'usage de stups». - Oui, madame, c'est ce qui me laisse confus et je m'en veux car comment vais-je affronter le regard de mes enfants ce soir ? - Ah bon ! Et qui vous a informé que vous seriez chez vous ce soir, il fallait au moins ajouter si Allah le veut bien. - Et vous madame la présidente car vous aurez compris que ma punition aura été la détention préventive. Qu' Allah me pardonne, ma famille aussi, se lamente le détenu qui avait eu aussi en face le représentant du ministère public qui avait tout simplement savouré Mahiedine à propos de ses vains dribbles lors de la présentation. «Il nous est arrivé d'avoir en face de nous des inculpés reconnaître le délit durant l'instruction ou la présentation et le jour du procès, c'est l'inverse qui se produit. L'inculpé rue dans les brancards avec tout le chapelet de numéros inutiles à la barre». Mahiedine baisse les yeux, le nez, la tête et les épaules. Il se fait tout petit malgré ses cent quatre vingts centimètres, avant de marmonner tel un ado pris la main dans le sac : «C'est vrai, j'ai tenté d'échapper au mandat de dépôt. Maintenant que j'ai été informé encore une fois sur le flagrant délit, à quoi bon fuir la réalité. Je reconnais et je le regrette en tout cas, c'est la première et dernière fois ...» - Quoi, la première et dernière fois ? coupe Kirat mi-curieuse, mi-amusée - La drogue, les rixes, la tentative de vol par escalade et tous les larcins commis ... complète l'inculpé au bord d'une crise de larmes, un numéro qui ne marche pratiquement jamais avec la quasi-majorité des juges du siège. C'est pourquoi le sursis accordé précédé d'une année de prison ferme, va rester comme une épée au-dessus de la tête de ce Mahieddine S., un véritable délinquant à plusieurs «variantes».