On les connaît ces Egyptiens. Ils refusent d'être défaits en football et surtout par les Algériens. Leur cuisante défaite à Khartoum mercredi, et du coup leur élimination méritée du Mondial sud-africain de l'été prochain, leur ont donné des ailes pour pousser l'escalade et la crise diplomatique avec Alger. Les politiques égyptiens, et à leur tête le Raïs, n'ont pas réussi, malgré tous les subterfuges, les coups bas contre l'adversaire, les violences physiques et verbales commanditées, à tirer un avantage politique de la confrontation footballistique avec l'Algérie. Et pour trouver une parade à cette défaite politique, ils accusent les Algériens de tous les maux, notamment d'avoir agressé «sauvagement» leurs supporters à Khartoum. Les médias cassent de l'Algérien Pour eux et leurs médias déchaînés, les supporters algériens sont des «terroristes», des «barbares» et des gens «sans éducation». A grand renfort de «témoins» revenus de Khartoum, et «réchappés» à un massacre, les médias du Nil cassent de l'Algérien. C'est que la défaite infligée à leur équipe vieillie et sans talent par onze d'artistes algériens plus jeunes et techniquement plus forts, les rabaissent ostensiblement aux yeux des Arabes, ceux de la région, qui les soutenaient contre l'Algérie, eux qui se prennent pour le nombril du monde. Durant toute la nuit de mercredi à jeudi, les médias égyptiens consacraient leurs informations à l'après-match, recueillant les points de vue de supporters revenus du Soudan et mettant en valeur les propos qui versent dans la haine de l'Algérien. Plusieurs supporters qui n'avaient pas le talent de comédien et qui commençaient sur des chaînes de télévision publiques à raconter la vérité, sont délibérément écartés du champ. On a même vu des supporters en excellente santé sans même un pansement sur le visage ou le bras, allongés sur un lit d'hôpital, pour la mise en scène, abreuver les Algériens de tous les qualificatifs du marginal. Un de leur chanteur, inconnu au bataillon, a même poussé l'outrecuidance jusqu'à affirmer sans retenue ni modestie que désormais, s'il s'aperçoit que ses concerts sont suivis par les Algériens, il mettra fin à sa carrière de chanteur ! Une autre «artiste» apporte de l'eau à son moulin, en affirmant que «nous les Egyptiens, nous sommes fiers de notre arabité, de nos 7000 ans de civilisation». Cette dame ajoute sur la chaîne publique Nil News, que «quant à eux (entendre les Algériens), ce sont des terroristes et des barbares». Cette artiste de pacotille ignore ou feint d'ignorer que c'était ces «barbares» qui avaient fondé Le Caire, la ville qui fait office de capitale pour son pays. Ces deux exemples de haine exacerbée vis-à-vis de l'Algérie et son peuple altier montrent encore une fois la petitesse de l'Egyptien. Depuis mercredi, une avalanche de faux procès contre les nôtres sont diffusés sans discontinuer à leurs télévisions et radios, soutenue dans la toile. Le redressement fiscal de Djezzy en toile de fond Parallèlement, les politiques sortent de leur réserve. Un «conseil de guerre» qui ne dit par son nom est tenu par leur Raïs. Y étaient présents le président de leur Parlement, le chef de leur Moukhabarate, des ministres ciblés (Information, Affaires étrangères, Sports, un militaire haut gradé, etc.), au cours duquel a été décidé pour la seconde fois en quelques jours de convoquer l'ambassadeur algérien en Egypte. A Abdelkader Hadjar il a été demandé «de fournir» une sérieuse explication «sur de prétendues agressions de supporters algériens contre les paisibles citoyens égyptiens à Khartoum. Il est également demandé que les ressortissants égyptiens et les intérêts égyptiens en Algérie soient protégés, au moment où selon eux, ces derniers font l'objet de menaces. Les officiels égyptiens n'ont pas digéré la décision du fisc algérien de demander un redressement fiscal à l'une de leur société opérant chez nous. Il faut savoir que ce pays ingrat ramasse chaque année de notre pays quelque 5 milliards de dollars d'intérêts pour des projets qui auraient pu être donnés à d'autres pays autrement plus performants. C'est au nom de la fraternité arabe et des bonnes relations que les Egyptiens ont été favorisés par les autorités algériennes sur le marché algérien, alors que l'Algérie ne gagne rien chez eux. Le conseil de guerre a en outre décidé de rappeler au Caire l'ambassadeur égyptien «pour consultations». «Qu'il reste chez lui», a dit la rue algérienne aussitôt l'information donnée. «Drabni ou rah yabki» Officiellement, l'Algérie n'a pas répondu à toutes ces élucubrations vaseuses, occupée qu'elle était à savourer la victoire des Verts. Cependant, dans un commentaire diffusé par l'APS jeudi, il était dit que «des déclarations officielles égyptiennes ont été accueillies avec stupeur par l'opinion publique en Algérie car basées sur des informations fausses et infondées. Ces informations selon lesquelles des supporters de l'équipe nationale auraient commis des agressions contre les supporters de l'équipe égyptienne sont, en effet, fallacieuses et contradictoires avec les témoignages de toutes les parties présentes à Khartoum. La meilleure preuve en est, relève-t-on, le communiqué du ministre égyptien de la Santé lui-même qui ne fait état que de deux blessés légers». Pour l'APS, «l'opinion publique, qui s'interroge sur ces allégations, considère que la réalité contredit ces informations mensongères colportées par les médias égyptiens. Ces allégations, note-t-on, visent, en fait, à minimiser la victoire amplement méritée de la sélection nationale». Mieux encore, les autorités égyptiennes ont été rappelées à l'ordre par le Soudan où se seraient déroulés ces évènements inventés par les perdants dans leur phobie de jouer aux victimes. En effet, les autorités soudanaises ont convoqué le même jour le chef de la représentation diplomatique égyptienne à Khartoum à qui elles ont dit leur mécontentement face à la diffusion de «fausses informations» quant aux agressions perpétrées contre les supporters des Pharaons dans leur pays. Pour les Soudanais, c'est là un manque de respect et une remise en cause de leur parole transmise par la voix d'un haut responsable de la sécurité que la situation d'avant, pendant et après le match. Cette sortie soudanaise au lieu d'amener les médias à la retenue, a rajouté à leur acharnement. Une autre information est venue mettre hors d'eux les milieux égyptiens partisans de l'escalade dans la crise diplomatique qu'ils cherchent à attiser. Elle est venue de la Fifa qui avait jusque-là montré son alignement. L'agression au Caire, l'intox à Khartoum Cette instance a annoncé «l'ouverture officiellement d'une procédure disciplinaire dans le cadre des incidents survenus en marge du match Egypte-Algérie du 14 novembre 2009». La fédération se base sur «les résultats des différents rapports communiqués» et qui «confirment que des incidents sont survenus le 12 novembre, lors du trajet de l'équipe d'Algérie de l'aéroport à son hôtel». La procédure en question est «engagée à l'encontre de la Fédération égyptienne de football», est-il dit, et «la commission de discipline de la Fifa statuera sur cette affaire.» Il est vrai que cette sortie est venue en retard. Cependant, elle devrait rabaisser un tant soit peu le caquet à ces Egyptiens qui se comportent comme les maîtres du monde. Qu'à cela ne tienne, on a appris que le président de la fédération égyptienne, contre toute logique, va adresser à la Fifa un dossier contre l'Algérie, dans l'espoir que cette instance, dont le président avait marqué sa préférence pour la victoire de l'Egypte, disqualifie l'Algérie et offre sur un plateau d'argent le ticket pour l'Afrique du Sud aux Pharaons. Pourtant, le monde entier connaît la vérité sur les péripéties ayant entouré le match du 14 novembre au Caire et celui de Khartoum. Le monde entier a salué la victoire des Algériens. Tout ce que pourraient décider les autorités égyptiennes à propos de l'avenir des relations bilatérales n'intéressent personne chez nous.