Des journaux, des télévisions et surtout des espaces électroniques d'information sont en en train de glousser depuis quelques jours sur les phénoménaux privilèges que les parlementaires irakiens se sont octroyés dans la plus totale discrétion, un consensus politique «historique» et une solidarité de corps à toute épreuve. «Les membres du Parlement irakien savent dépasser les clivages ethniques ou religieux... pour voter en catimini une loi régissant leurs avantages», lit-on quelque part sur le net. «Qui, désormais, osera prétendre que les élites politiques de l'Irak nouveau sont incapables de surmonter leurs déchirements communautaires ? Au diable les clivages ethniques et religieux : l'union sacrée existe, les députés l'ont rencontrée. Ô bien sûr, les élus du peuple ont, dans un louable souci de retenue, accordé leurs djozas -violons rustiques locaux - en silence. Au point de voter à huis clos, à la mi-septembre, la loi qui régit leurs menus avantages», nous dit-on ailleurs. Mais en quoi consistent donc ces avantages, y compris de susciter de l'indignation jusque chez des gens dont le faste de la vie est légendaire ? Des salaires et indemnités de 25 500 dollars par mois - quelque chose comme huit fois la mensualité de nos députés et surtout 50 fois le revenu moyen irakien -, 80% du traitement pendant dix ans une fois le mandat d'un élu parvenu à son terme, 30 gardes du corps rémunérés par l'Etat que la majorité d'entre eux ne recrute pas pour en garder les dividendes, un passeport diplomatique pour chaque député et sa famille, un terrain de 600 mètres carrés, et l'effacement d'une dette de quarante mille euros contractée en 2006 au plus fort des carnages confessionnaux censés être destinée à l'achat d'un véhicule blindé. Cerise sur le gâteau, ou assurance tous risques, le texte qui consacre cette batterie d'avantages a été la seule loi ayant réussi la «performance» d'être votée par une majorité de plus des trois cinquièmes, qui lui permet de se passer de l'aval du conseil présidentiel composé du président Talabani et de ces deux vice-présidents, toujours problématique en raison d'un consensus toujours difficile à réunir. Dans un pays ravagé par les violences de la guerre et de… la paix, qui a besoin d'institutions crédibles, il sera difficile de faire passer la pilule à une opinion convaincue que ses députés sont en train de se constituer un butin de guerre avant de filer en douce. Les prochains rendez-vous électoraux, importants dans l'appréciation du niveau du retour à la stabilité, ne s'annoncent pas très enthousiasmants. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir