M. Brahimi est attendu avec la liste du futur exécutif provisoire irakien. Quoique la situation sécuritaire demeure très préoccupante, les regards se tournent actuellement vers l'ONU et plus précisément vers son envoyé spécial en Irak, Lakhdar Brahimi, dont le retour à New York est prévu pour les prochains jours. En effet M.Brahimi, qui se trouve à Bagdad depuis le 6 mai, a la difficile mission de réunir une liste de personnalités devant constituer le futur gouvernement intérimaire irakien, celui qui doit, en principe, ouvrir la voie à la mise en oeuvre des instruments de souveraineté du futur Etat irakien. Aussi, plus la date butoir du 31 mai, échéance que s'est fixé l'émissaire onusien, pour réussir le «montage» politique irakien, approche, plus l'énervement gagne les travées du siège de l'ONU où l'on espère que M.Brahimi pourra parvenir à trouver un consensus entre les diverses parties prenantes irakiennes. De fait, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Fred Eckhard, a indiqué mardi que «M. Brahimi fait tout son possible pour tenter de trouver un consensus parmi les différentes positions des dirigeants irakiens». De son côté, Kofi Annan, qui a rencontré mardi le Conseil de sécurité, confirme que les choses demeurent inchangées pour ce qui est du tempo fixé à la mission de Lakhdar Brahimi déclarant à ce propos : «Nous avions indiqué que notre objectif était la fin du mois de mai» avant d'ajouter : «De toute évidence, nous avons toujours cette date en tête et j'espère que nous pourrons tenir cet objectif». En effet, les choses vont vite et le 30 juin se profile déjà à l'horizon aussi, il est patent que le temps est compté, d'autant plus que, selon les déclarations de M. Brahimi, il est préférable que le gouvernement provisoire irakien ait «l'investiture» du Conseil de sécurité, plutôt que celle de la coalition, comme cela a été le cas pour l'actuel Conseil transitoire, qui a totalement échoué dans ses missions. De fait, dans une émission de la télévision irakienne, Lakhdar Brahimi a indiqué, mardi, qu'il existait la possibilité que la liste soit soumise à l'approbation de l'ONU, indiquant : «Il y a une possibilité, c'est qu'une fois l'accord (sur le gouvernement) finalisé, nous transmettions la liste au secrétaire général de l'ONU (Kofi Annan) et que ce dernier la transmette ensuite au Conseil de sécurité». Estimant qu'il était préférable que le nouveau gouvernement intérimaire ait l'aval de l'ONU, M.Brahimi a indiqué que «c'est une solution possible». M.Brahimi a par ailleurs précisé que «le gouvernement comprendra de 25 à 27 personnalités. Il doit être prêt le plus tôt possible (...) Nous sommes proches de la finalisation (d'un accord)» a-t-il encore dit. De fait, l'exécutif intérimaire aura pour mission essentielle de gérer l'Irak durant la période transitoire s'étalant jusqu'à, au plus tard, janvier 2005. En fait, à compter du 1er juillet, le gouvernement intérimaire entamera une course contre la montre pour réunir les conditions de formation d'une Assemblée constituante qui, à son tour, doit mettre au point la Constitution future du pays. Relativisant toutefois l'échéance du 30 juin, M.Brahimi a indiqué que le 30 juin «n'est pas une date magique qui va résoudre tous les problèmes de l'Irak, mais c'est un tournant historique, une occasion très importante pour le pays». Pendant ce temps le discours de lundi du président Bush et le projet de résolution sur l'Irak déposé, par la coalition américano-britannique, devant le Conseil de sécurité continuent d'être commentés. C'est ainsi que sont apparues quelques dissonances entre l'interprétation que font Washington et Londres a propos du statut des forces de la coalition après le transfert de la souveraineté à l'Irak. Mardi, le Premier ministre Tony Blair affirmait que «la décision finale en matière d'opérations militaires et de sécurité en Irak devait revenir aux Irakiens» après le 30 juin. Hier, M.Blair semble avoir quelque peu rectifié le tir précisant que si «les décision stratégiques finales» seront du ressort du nouveau gouvernement irakien, «la gestion» des «opérations militaires ou de sécurité restera du ressort de la coalition». En fait le flou subsiste sur le degré de souveraineté «réelle» qu'auront les Irakiens. De fait, beaucoup d'observateurs s'interrogeant sur la réalité de ce transfert de pouvoir. Ainsi, lors d'une conversation avec George W.Bush, le président français Jacques Chirac «a redit sa conviction que le transfert de souveraineté devait être réel, et perçu comme tel par les Irakiens eux-mêmes», indique la présidence française. Ce qui fit dire au président Bush que «ce que le président Chirac et d'autres ont dit, c'est qu'ils veulent être sûrs que le transfert de souveraineté à un gouvernement intérimaire est un transfert véritable et c'est ce que nous voulons. Nous voulons que cela soit un transfert de souveraineté véritable et complet de manière à ce que les citoyens irakiens réalisent que le destin de leur pays est maintenant de leur responsabilité».