Entre sa réforme de la santé qui avance à pas de tortue et la cérémonie de distinction d'un groupe de militantes zimbabwéennes qui travaillent à la fragilisation du pouvoir que le vieux Mugabe est censé partager avec l'opposition, Barak Obama a trouvé le temps de remettre une couche sur le nucléaire iranien. Par le biais d'une déclaration semblable à celle faite en Chine, portant sur l'impatience des Occidentaux ? Face à des mollahs qui ne semblent pas avoir l'intention de répondre officiellement à l'offre de l'AIEA, à moins qu'ils acceptent au final un transfert de leurs stocks d'uranium en Turquie, le président US est quasi certain d'être en train de perdre son temps. Tout comme Hamid Karzaï qui voudrait tant que la Loya Jirga qu'il compte organiser à Kaboul puisse attirer la «crème» des taliban, du moins les plus modérés parmi eux. Puisque, dixit Bernard Kouchner, la victoire militaire n'est plus envisageable. Mais il est difficile de croire que ceux-là vont se laisser séduire par une pareille proposition qu'ils ont eu à rejeter plus d'une fois. D'ici à ce que l'administration démocrate ponde sa nouvelle stratégie pour une meilleure stabilisation de l'Afghanistan, Barak Obama semble être tenté à raisonner une dernière fois le régime de Téhéran avant de passer à la grande offensive diplomatique dans les couloirs du Conseil de sécurité. Par le biais d'une parfaite coopération qui aurait dû ouvrir les yeux aux Iraniens quand W. Bush signait en 2005 un accord sur le nucléaire civil avec le gouvernement de New Delhi. Depuis son entrée à la White House et son retour d'Asie, où même la presse américaine a estimé le kimono trop large pour lui, c'est la première fois qu'Obama reçoit avec de tels honneurs un hôte étranger. Des kilomètres de tapis rouge pour le Premier ministre indien, Manmohan Singh, dont le pays continuerait de donner des leçons en matière de non prolifération bien qu'il ne soit pas signataire du traité. Si les Iraniens pouvaient en faire autant, doit se dire Barak Obama au moment où il est écrit dans un rapport de députés français que l'Iran est en passe de posséder l'arme nucléaire mais pour autant cette arme ne constitue pas une menace sécuritaire. Mais l'attitude de défi, que les mollahs maintiendraient, ne rassure pas le gouvernement de Washington. Toutefois, continue-t-il d'espérer que sa main tendue vers la République islamique puisse lui rapporter demain autant de contrats juteux que l'Inde, aujourd'hui ? Pure coïncidence ou hasard du calendrier, la visite du Président Ahmadinejad au Brésil renforcerait les certitudes US et celles de leurs alliés : l'Iran n'est pas prêt à lâcher du lest pour qu'enfin la confiance puisse reprendre ses droits. Ce n'est pas pour rien si Obama a annoncé la tenue de consultations entre alliés à Bruxelles, histoire d'isoler un peu plus les mollahs. Chose que le président Lula ne veut pas voir se matérialiser pour la simple raison que la recherche de la paix au Moyen-Orient ne peut prétendre au réalisme sans une coopération accrue de la République islamique d'Iran. D'où ce pas en avant et ce pas en arrière des Occidentaux qui peinent à convaincre les Palestiniens et les Syriens à reprendre langue avec Tel-Aviv. Ainsi, les sanctions contre les mollahs ne seront que plus belles.