Les négociations entre le pouvoir et l'opposition zimbabwéens ont repris à Harare et il semble que, cette fois-ci, l'issue est proche. Le président sud-africain, Thabo M'béki, a annoncé ne pas quitter la capitale du Zimbabwe avant la conclusion d'accords de réconciliation entre le président mal élu, Mugabe, et son opposition. “Je ne retournerai chez moi qu'après cela”, a-t-il déclaré. Mugabe qui s'est adressé, comme chaque année, à sa nation lors d'une cérémonie en l'honneur des Zimbabwéens morts pour l'indépendance de l'ancienne Rhodésie du Sud britannique, a confirmé de son côté toute sa disponibilité pour trouver la solution la plus juste à la crise. Les pourparlers sur un partage du pouvoir ont donc repris hier sous l'égide de la présidence sud-africaine entre Robert Mugabe et le leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) Morgan Tsvangirai. La longueur de ces pourparlers, qui suivent près de trois semaines de travail des équipes de négociateurs, témoigne de la difficulté à trouver un accord qui permette de sortir le pays de la crise née de la défaite historique du régime aux élections générales du 29 mars. Pour diminuer la pression de Tsvangirai, Mugabe et M'béki ont adjoint aux négociations le chef d'une faction dissidente du MD, Arthur Mutambara. Signe de l'optimisme qui règne, la salle de l'hôtel où les trois hommes s'étaient engagés le 21 juillet à négocier un gouvernement d'union, s'était transformée pour l'ouverture de ce nouveau round en salle de prière où les parties de la crise ont tous prié. Les négociations se déroulent en présence des membres du tout-puissant “Commandement opérationnel conjoint”, qui rassemble les chefs de l'armée, la police et les services secrets, sans lesquels aucun accord n'est envisageable. Ce sont eux qui avaient convaincu le vieux chef de l'?tat, 84 ans dont 28 au pouvoir, de tout faire pour emporter le second tour de la présidentielle le 27 juin. De fait, Mugabe était seul en lice, son rival ayant jeté l'éponge face aux violences déchaînées contre ses partisans. Les deux composantes du MDC avaient ravi le 29 mars la majorité à la Chambre des députés, tandis que Tsvangirai arrivait largement en tête du premier tour de la présidentielle. Arguant de cette victoire, il exige le contrôle de l'exécutif. Mais Mugabe n'entend pas céder la présidence, qu'il pourrait conserver avec des fonctions honorifiques lui permettant de se retirer en héros de l'indépendance. Selon la presse sud-africaine, les négociations ont enregistré une avancée décisive en convenant d'une amnistie pour les responsables des massacres perpétrés au début des années 1980 contre la minorité Ndebele, dans le sud du pays, et pour ceux des violences orchestrées contre l'opposition. Un accord aurait également été conclu sur la question de la terre, dont la redistribution à la majorité noire catalyse les tensions. Mugabe avait d'abord racheté les fermes détenues par les blancs sur une base volontaire, aux termes des accords d'indépendance de 1979 avec la puissance coloniale britannique. Mais les vétérans de la guerre ont lancé, en 2000, une violente campagne d'occupation des terres qui a débouché sur une réforme agraire précipitée. Quelque 4 000 fermiers blancs ont quitté le Zimbabwe, entraînant une chute brutale de la production agricole. Le Zimbabwe est aujourd'hui enlisé dans une hyperinflation annuelle à plus de six chiffres et la production industrielle est au point mort. Les denrées de base sont introuvables dans les magasins. D. B.