Comme à l'accoutumée, à la veille de la fête de l'Aïd El Adha, les magasins de vêtements pour enfants sont pris d'assaut par les Algérois. Une dense activité et une ambiance festive caractérisent les artères de la capitale. Hier encore, un grand flux a été enregistré aux boulevards Didouche Mourad, Hassiba Ben Bouali, Larbi Ben M'hidi et El Biar. Des foules s'arrêtaient devant les vitrines de chaque magasin de prêt-à-porter. Seulement, à la surprise générale, il ne restait pas grand-chose comme articles pour enfants. La même réponse revient sur les lèvres des vendeurs des magasins situés sur Didouche Mourad aux consommateurs soucieux d'habiller leurs enfants avec les plus beaux habits en ce jour de fête : «désolé, il ne reste plus rien.» «Je n'ai plus cette taille» ou encore «il fallait venir trois jours avant, vous auriez eu un grand choix». Plusieurs mamans affirment avoir fait plusieurs boutiques à la recherche d'une robe ou d'un pantalon pour leurs progénitures de quatre, trois ou cinq ans. Elles n'ont rien trouvé qui vaille le coup. A l'exemple de Leïla qui affirme avoir passé la journée à faire les magasins : «Je ne sais pas quoi faire, je suis fatiguée. Il me reste quelques magasins à parcourir à Dély Ibrahim. j'espère trouver quelque chose, mais rien n'est sûr.» Et d'ajouter : «Il fallait que je fasse mes courses au moins une semaine avant l'aïd, mais comme je n'avais pas droit à une journée de congé, je suis retombée dans le même piège que celui de l'aïd El Fitr. Ça m'apprendra.» Nassima, une jeune vendeuse dans le magasin «espace pour enfants» affirme que toute la marchandise a été vendue en l'espace de deux jours. «Il faut voir le monde que nous avons reçu durant ces derniers jours. C'est incroyable. Ils ont tout dévalisé sans même négocier les prix.» Elle ajoutera pour plaisanter : «même moi ils m'auraient achetée avec plaisir si j'étais à vendre.» Un peu plus loin dans la même ruelle, les mêmes propos reviennent chez les vendeurs de K&M : «il ne nous reste plus que ce modèle pour le quatrième âge» ou encore «On n'a pas cette pointure». La caissière affirme que le stock ainsi que le nouvel arrivage datant de lundi ont été vendus en une seule journée. «Si vous étiez venue hier, vous auriez pu trouver. Hélas, il faut attendre après l'aïd. Il y aura du nouveau» poursuit notre interlocutrice, qui confie que les tarifs proposés chez K&M, cette année, étaient très abordables. «Des jeans et des pulls à 1000 DA. de belles robes à 1200 DA, des manteaux à 2200 DA.» Samia regrette de ne pas s'être déplacée la veille, elle aurait au moins réglé ce détail qui la perturbe depuis quelque temps. «Ce n'est pas simple en Algérie, même avec de l'argent, tu ne peux pas trouver ce que tu cherches.» La marchandise chinoise envahit le marché Samia pense que la marchandise proposée sur le marché national provient de Chine. Pour justifier les prix élevés affichés, les commerçants affirment, cependant, que c'est de la bonne qualité qui est importée de Turquie. «Les prix ont augmenté partout. Nous avons cessé d'importer des habits de marques italienne et française parce que ça nous revient trop cher et que personne ne les achète», explique Réda, vendeur de chaussures au tunnel des Facultés. Mohamed a tenu à préciser que les commerçants de prêt-à-porter rencontrent de grosses difficultés au niveau des douanes depuis la promulgation des nouvelles dispositions de la loi de finances complémentaire 2009. «On nous a saisi une marchandise de plus de 80 millions de dinars.» Les représentants des grandes marques étrangères, à l'exemple de Mango, établies en Algérie, affirment que leur marchandise est bloquée depuis près de deux mois au port, et ce, à cause de cette nouvelle loi. Les vendeurs à la sauvette à la rescousse des petites bourses Une marée humaine envahit le marché de la place des martyrs. Une foule devant les vendeurs empêche les passants de voir ce qu'ils proposent. On n'entend que leurs voix retentir : «chaussures à 400 Da, ya mra diri l'affaire.» Des propositions alléchantes à longueur de journée. Le marché de la place des martyrs ne se vide pas. Des familles viennent de loin à la recherche de bonnes occasions. «Ce ne sont pas des marques mais souvent on trouve des articles de qualité», indique Ali, accompagné de ses deux garçons. Les familles algériennes perpétuent les traditions, même si cela n'est pas toujours facile. L'achat du mouton ne suffit pas.